"Après dix ans d’engagement associatif,
j’aspire à être utile à ma
place, c'est-à-dire que je ne veux pas accomplir
des tâches qui seraient aussi bien ou mieux faites
par d’autres. A la fin de mes études, j’ai
tout de suite travaillé dans les ONG. Aujourd’hui,
je suis responsable des relations extérieures
de l’association Max Havelaar France. Je m’occupe
de sensibiliser différents réseaux (syndicats,
associations de consommateurs, associations étudiantes,
autres ONG…), ainsi que les pouvoirs publics et
les collectivités locales au commerce équitable.
Je m’occupe également de la recherche de
financement et du lobbying. A côté de cette
activité salariée, je suis membre de plusieurs
associations, dont le GERM (Groupe d’études
et de recherches sur les mondialisations) et Déclic,
agitateur de solidarité qui a pour objectif d’aider
les associations à adapter leurs messages au
grand public.
Ce qui m’intéresse le plus désormais,
c’est d'une part de tenter de convaincre des personnes
en désaccord avec moi, d'autre part de faire
se rencontrer des structures et des individus qui n’ont
pas l’habitude de se parler et d’essayer
de les faire travailler ensemble.
Parallèlement à mes études (DEUG
de droit, licence de sociologie, maîtrise d’information-communication,
DEA de sciences politiques), je me suis engagé,
à 20 ans, dans l’action associative en
faisant du bénévolat aux Restos du cœur
et en créant, avec des amis, la fédération
des associations étudiantes de l’Université
de Nanterre. Dans ce cadre, j’étais élu
dans les instances universitaires et j’organisais
un cycle de conférences, intitulé
«Les débats du futur», destiné
à faire se rencontrer chercheurs, étudiants
et acteurs associatifs. Ensuite, j’ai fait du
soutien scolaire dans un centre social et je me suis
investi dans différents projets de médias
alternatifs. Par ces différentes expériences,
j’ai pris conscience que les solutions aux problèmes
du monde se situaient à un niveau politique.
L'engagement associatif à l'université
et ailleurs m'a appris à consacrer du temps à
autrui et à des causes, à travailler en
groupe, à me confronter à des gens différents,
à prendre position. Cette manière de concevoir
la vie en société m'a indéniablement
poussé à vouloir travailler dans des associations
de solidarité.Mais c'est le sujet de mon mémoire
de troisième cycle qui a été décisif
dans mon orientation professionnelle. En effet, j’ai
travaillé sur les ONG comme nouveaux acteurs
des relations internationales et sur la notion d’opinion
publique mondiale. J’ai rendu mon mémoire
à l’automne 1999, quelques jours avant
les manifestations de Seattle. Il s’agissait d’un
des premiers travaux de recherche français sur
ce sujet. Un stage à l’association Agir
Ici a fini de me convaincre de ne pas faire de thèse
et de plutôt chercher du travail dans les ONG.
Ainsi j’ai travaillé un an à l’association
Coordination SUD où je faisais du lobbying et
de la communication pour les ONG françaises auprès
de l’Union européenne. Ensuite, pendant
six mois, je me suis occupé de la communication
d‘AlimenTerre, un événement sur
la souveraineté alimentaire dans le monde, organisé
par le CFSI (Comité français pour la solidarité
internationale). Et cela fait bientôt trois ans
que je travaille chez Max Havelaar France.
Il y a toujours plusieurs facteurs qui permettent de
comprendre pourquoi, à un moment donné
de sa vie, on décide de s’engager en faveur
de telles ou telles causes. Dans mon cas, une éducation
religieuse (même si je suis athée depuis
plus de 15 ans) et de très graves problèmes
de santé durant toute l’adolescence expliquent
en partie mon altruisme. Le fait que mes parents m’aient
laissé choisir ma voie, et que je rencontre des
personnes m’ayant fait confiance explique également
ma trajectoire militante.
Selon moi, travailler dans des associations, malgré
des salaires souvent faibles, n’est pas un sacrifice,
mais plutôt un privilège car on y a la
satisfaction d’être en accord avec ses convictions,
ce qui n’a pas de prix."
Mes messages-clefs
"Si vous
voulez travailler dans une association, montrez ce que
vous pouvez amener concrètement à la structure
à partir de ce que vous savez faire, vous serez
mieux accueilli que si vous êtes juste en révolte
contre l’injustice du monde, en rejet de votre
ancien travail, en rejet d’autres emplois, car
une association n’est pas là pour soulager
votre mauvaise conscience."
" Quand j’étais plus jeune, je pensais
« je veux changer le monde », je
prenais tous les malheurs de la planète sur mes
épaules, ce qui était en fait très
destructeur. Désormais, j’ai une vision
plus réaliste et plus efficace en me disant «
je voudrais que le monde change et si je peux y contribuer
modestement, avec les autres, alors là je suis
utile».
" Si vous êtes
dans une perspective de reconversion et que vous souhaitez
travailler dans une association, dites-vous que ce n’est
pas déshonorant de passer par un stage, même
si vous avez travaillé avant dans une entreprise,
car les mentalités et les modes de fonctionnement
sont différents."
"Mon conseil serait « soyez humble, professionnel
et militant ! »"
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