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Portrait de

Marie Trellu-Kane

35 ans

Consultante en stratégie, co-fondatrice et présidente d'Unis-Cité

 

web : www.unis-cite.org


" Je suis consultante en politiques publiques et entrepreneuriat social au sein du cabinet Cikanam, que j’ai créé fin 2001_: j’interviens auprès d'entreprises, sur leurs politiques de mécénat social ou de RSE, de collectivités publiques ou gouvernements sur des questions de politiques jeunesse, volontariat, ou service civil, et j'accompagne la chaire entrepreneuriat social de l'ESSEC dans sa mission de développement de l'entrepreneuriat social : j'y ai créé un incubateur social, pour accompagner des entrepreneurs sociaux, créateurs d'organisations à finalité sociale innovantes, ainsi qu'un référentiel de bonnes pratiques en matière de gouvernance, transparence, et gestion associative, qui sera bientôt diffusé largement, et servira de base à un dispositif d'évaluation des pratiques de gouvernance associatives.

Mon expérience du monde associatif et de l'implication sociétale desentreprises vient d’Unis-Cité, que j’ai créée en sortant de l’ESSEC en 1994, avec deux amies de promo et une Américaine venue en France pour adapter le modèle de service civil volontaire développé par l’association City Year. J’avais été impliquée dans des actions locales et internationales de solidarité (soutien scolaire, ouverture d’une antenne des Restos du Cœur, sensibilisation à l’hygiène, à la vaccination et au sida en Afrique), mais mon engagement dans Unis-Cité n’a jamais été pensé en termes de carrière ! J’ai cru à la force d’une idée : pendant six ans, j’ai consacré tout mon temps à ce projet en gagnant petitement ma vie, sans penser à l’étape suivante.

Fin 99, j’ai eu envie de prendre du recul, consciente que la visiond'Unis-Cité (de voir reconnu et généraliser le service civil des jeunes en France) allait demander plusieurs années de lobbying pour devenir réalité. Unefondation et un ministère m’ont demandé de les accompagner dans deux projets d’insertion et de promotion de la création d’entreprises chez les jeunes : cela m'a donné l'occasion de me lancer en indépendante. Cela me permet de garder un pied dans les trois secteurs – public, privé "for profit" et privé "non profit", en travaillant sur des sujets qui ont, tous, une finalité sociale, et en gardant du temps pour suivre les progrès d’Unis-Cité et le développement du service civil des jeunes (je suis aujourd'hui membre de section au Conseil Economique et Social e administratrice, en tant que présidente d'Unis-Cité, de la nouvelle Agence pour la Cohésion Sociale et l'Egalité des chances).

Ma plus grande satisfaction est d’avoir le sentiment de contribuer à ce que le monde de demain soit un peu meilleur. Lorsqu’on a la chance de pouvoir faire des études supérieures et d’avoir des réseaux en conséquence, autant les utiliser pour des causes qui en valent la peine. La première difficulté que je rencontre est d’expliquer ce que je fais ! C’était déjà le cas quand nous avons lancé Unis-Cité : je n’étais pas «directrice d’association» et ce n’était pas non plus un «engagement extra-professionnel», puisque ce projet m’occupait à temps plein et me permettait de gagner ma vie, même faiblement. L’association Ashoka, dont j’ai soutenu le lancement en France, apporte aujourd’hui une solution en tentant de développer la profession «d’entrepreneur social». La deuxième difficulté est de faire reconnaître la valeur du secteur associatif en dépassant l’idée reçue qu’il est non professionnel et inefficace. Au quotidien, mon plus gros défi est l’insécurité financière car j’ai le statut de travailleur non salarié. Par rapport au revenu moyen des diplômés de l’ESSEC, je pourrais dire que je fais des sacrifices mais l’épanouissement humain et intellectuel que j’en retire vaut largement plus que le différentiel financier. En fait, mon plus gros sacrifice aujourd’hui concerne le temps libre : l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est difficile à trouver lorsque votre métier est la continuité d’un engagement personnel."

Mes messages-clefs
"Les opportunités dans l’économie sociale et solidaire sont nombreuses. Des milliers d’associations, de coopératives, de mutuelles et de fondations travaillent sur des sujets passionnants.Il existe vraiment mille façons d’avoir un impact positif sur la société, y compris dans les entreprises capitalistes classiques. Sans changer de métier, vous pouvez lui trouver un sens nouveau !"

 

 


© Graines de Changement, Septembre 2007- Tous droits de reproduction et de diffusion réservés