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Portrait
de
Eric
Parent
41 ans
Co-fondateur
et directeur de Climat Mundi
web
: www.climatmundi.fr
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"Climat Mundi est un opérateur de compensation
carbone. Nos clients sont à la fois des entreprises,
des collectivités et des particuliers mais 80%
des volumes compensés viennent des entreprises
alors que 80% de nos clients sont des particuliers.
Nous aidons nos clients à minimiser leurs impacts
sur le climat en calculant et en réduisant leurs
émissions de CO2, puis en compensant celles qui
n'ont pas pu être évitées par le
financement de projets réalisant des économies
d’émissions (par exemple un projet de production
d’énergie renouvelable). Ensuite, pour
les entreprises ou les collectivités, nous les
guidons dans la communication de leur démarche
pour valoriser leurs actions et sensibiliser leurs publics
au problème du réchauffement climatique.
Nos activités comprennent donc une part de conseil
et d'ingénierie (pour estimer les émissions
et les réduire), et une part d’identification-sélection
des projets à financer.
Notre équipe est composée
de trois personnes, une ingénieure agronome qui
a travaillé au sein de bureaux d'étude
puis au ministère de l'écologie (co-fondatrice
de Climat Mundi), et un ingénieur de l'institut
polytechnique de Grenoble spécialisé dans
le calcul des bilans carbone. Pour ma part, j'ai fait
des études d'ingénieur (Polytechnique
et l’Ecole des Ponts), et j'ai toujours travaillé
dans les domaines de l'environnement : transport, eau
ou propreté. J'ai fait la plupart de ma carrière
chez Véolia Environnement, d’abord en tant
que responsable d’exploitation en Argentine puis
en France, ensuite en charge du développement
commercial en Pologne où j'ai plus tard pris
la direction d'une entreprise que nous avions rachetée.
De retour en France, je me suis retrouvé à
la tête d’une direction régionale
Ile de France d’une filiale de Véolia propreté
en charge de la collecte et du traitement de déchets
industriels. J'ai finalement quitté l'entreprise
fin 2005 pour créer Climat Mundi début
2006.
Pourquoi cette transition ? J'avais
envie de trouver une activité avec plus de sens.
Même s'il est vrai qu'au fond l'activité
de Véolia a une utilité sociale et environnementale,
il manquait une dimension de l'engagement personnel.
Notre activité était essentiellement focalisée
sur le service et la productivité, et j'avais
besoin d'être en contact avec mes convictions
dans mon activité professionnelle. J’ai
cherché dans plusieurs directions : dans le cadre
de mon travail chez Véolia je m’étais
intéressé aux solutions techniques et
financières pour lutter contre le changement
climatique, et quand j’ai découvert la
compensation des émissions, cette solution m'a
tout de suite intéressé. En constatant
qu'elle était encore peu développée
en France, je me suis lancé… Professionnellement,
j'ai toujours aimé créer et mettre en
place de nouveaux projets, alors créer ma propre
entreprise était une façon de le faire
cette fois-ci à ma façon, et en ayant
toutes les rênes en main.
En tout, mon changement de cap
aura duré 6 ans et la plus grosse difficulté
a été d'identifier une activité
qui aurait du sens pour moi mais me permettrait également
de mettre à profit mon expérience professionnelle.
Au départ, j’avais même écarté
la création d’entreprise : trop de travail,
trop de prise de risque … Alors ce qui m’a
amusé et émerveillé, c’est
qu’à partir du moment où j’ai
identifié le projet qui me convenait, toutes
les barrières que je m’étais mises
se sont envolées, le train est parti tout seul
et ne s'est pas arrêté… J'irais même
jusqu'à dire que depuis que j’ai créé
mon entreprise, j’ai arrêté de travailler
et maintenant je m’amuse ! En tout cas mon énergie
s'est décuplée ! J'ai le sentiment d'avoir
une véritable utilité sociale. Tout d'abord
parce que compenser ses émissions est un moyen
d'action simple, efficace et accessible à tous
et parce que cela permet de déclencher une spirale
vertueuse : plus les entreprises agissent et communiquent
sur leurs actions, plus le public est sensibilisé,
réceptif et donc en attente de plus d'engagement
de la part des entreprises. On nous reproche souvent
le fait que la compensation ne sert qu'à se donner
bonne conscience, mais pour moi ça met en valeur
les contradictions de nos modes de vie. La compensation
permet de mettre en lumière l’impact climatique
de nos actions quotidiennes et nous place dans une position
d'inconfort qui pousse à l'action.
Aujourd'hui, les difficultés
ne sont pas tant sur le salaire (il faut savoir s'adapter)
mais plutôt sur la gestion du temps et de la vie
familiale. D'un point de vue professionnel, nous recevons
beaucoup de demandes de la part des entreprises mais
elles mettent du temps à se décider :
atteindre un rythme de croisière et stabiliser
notre activité prend plus de temps que prévu.
Mais l’absence de doute et le sentiment d'être
à sa place sont une libération extraordinaire.
Le fait d’être passé de l’autre
côté de la barrière, d’avoir
abandonné la vie de salarié pour celle
d’entrepreneur m'a fait prendre conscience qu'il
y a plein de choses à faire et encore de nombreuses
pages blanches à écrire …"
Mes messages-clefs
"Il faut
y croire, ne pas désespérer, avoir confiance
en son inspiration et aller au bout de ses envies et
surtout se mettre en contact avec des exemples inspirants,
via des livres, des conférences, etc."
"Un des livres qui
a été révélateur pour moi
est celui de Maria Nowak "On ne prête (pas)
qu’aux riches " qui montre que le salariat
est une invention assez récente : il peut sembler
difficile d’en sortir, mais il faut se rappeler
que la plupart de nos ancêtres vivaient de leur
propre entreprise - aussi petite soit-elle."
© Graines de Changement,
Septembre 2007 - Tous droits de reproduction et de diffusion
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