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Portrait de

Arnaud Mourot

33 ans

Directeur d'Ashoka France

 

web : www.ashoka.asso.fr

"Ashoka est une association internationale créée en 1980 dont la mission est de promouvoir le progrès social en pariant sur la capacité d’innovation des individus. Nous soutenons dans leur initiative des entrepreneurs sociaux, des gens capables de prendre l'initiative et de lancer des projets innovants qui, à terme, apportent de nouvelles solutions, à grande échelle, à des problèmes sociaux et environnementaux. À travers le développement d'Ashoka, mon rôle est de participer à l'évolution du secteur associatif en France et de créer une passerelle entre les notions d'entrepreneuriat et d'utilité sociale, en convaincant des investisseurs privés de soutenir des porteurs de projets. Je suis arrivé chez Ashoka il y a 2 ans : aujourd'hui nous sommes trois à y travailler à temps plein, aidés de deux personnes à mi-temps.
D'un côté, je collecte des fonds et de l'autre, je coordonne les actions d'Ashoka en France qui portent principalement sur l'identification, le financement et l'accompagnement des entrepreneurs sociaux - ainsi que leur mise en réseau. Nous avons récemment lancé deux nouveaux programmes : le premier est un concours de business plans à vocation sociale qui vise à changer les modes de fonctionnement des acteurs de l'économie sociale – c’est en fait un prétexte pour les accompagner dans la recherche de nouveaux modèles de développement et d’une diversification des modes de financement afin d'assurer leur pérennité et d'accroître leur impact. Le deuxième vise à promouvoir l'entrepreneuriat social auprès des jeunes (de 12 à 25 ans). On s'aperçoit en effet que la plupart des entrepreneurs sociaux sont des personnes qui ont commencé à monter des projets dès le plus jeune âge et qui ont multiplié les expériences. Or, aujourd'hui, la notion d'entrepreneuriat est très connotée business pour les jeunes et cela nuit à son développement. Il faut démystifier cela et faire comprendre que l'entrepreneuriat est d'abord un état d'esprit.

Mon métier, c'est en fait du capital risque philanthropique, c'est-à-dire l’adaptation d'une activité qui existe depuis des années dans le monde des affaires : celle des investisseurs qui, en décidant d'investir dans des secteurs émergents, ont contribué à leur croissance. La seule différence avec les capital risqueurs classiques, c'est qu'au lieu de chercher à maximiser les profits, nous cherchons à maximiser le retour social des projets que nous finançons. Par ailleurs, Ashoka contribue à l'émergence d'une nouvelle profession, celle des entrepreneurs sociaux, et permet de donner un horizon plus ambitieux à un certain nombre de projets qui, sans nous, n'auraient eu un impact que local. Ashoka a un effet de levier qui les aide à changer d'échelle.
J'ai un parcours plutôt associatif. Pendant mes études à l'ESCP, j'étais sportif de haut-niveau (en lutte) et je m'occupais d'une association de réinsertion par le sport en région Ile de France. Pendant ma dernière année de Master "Innover et Entreprendre" en 1999, alors que tout le monde travaillait sur des projets de start-up, mon projet portait sur la création d'une ONG et c'est ainsi qu'à commencé Sport Sans Frontières, que j'ai ensuite développé pendant 6 ans avant de rejoindre Ashoka.

Si les écoles de commerce forment des chefs de projet, des managers, elles ne créent pas des entrepreneurs. Outre la gestion de projets, la principale chose que je leur dois c'est d'avoir appris à créer et à développer un réseau. En effet, le premier risque pour un entrepreneur est de se renfermer seul sur son projet. Or il est essentiel de partager et de profiter de l'expérience d'un maximum de personnes lorsqu'on débute dans son projet. Au fond, c'est ce que permet Ashoka. En donnant un nom à un secteur éclaté, composé de responsables associatifs et de travailleurs sociaux, l'association a contribué à la création d'une identité commune et donc d'un réseau naturel de gens qui ne cherchaient pas forcément à travailler ensemble.

Depuis le début de ma carrière, mon principal défi est de dépasser le scepticisme du secteur associatif. Au début de Sport Sans Frontières, on me riait au nez quand je disais que le sport pouvait participer à l'insertion des femmes en Afghanistan ou à aider des enfants rescapés de la guerre. Pour la plupart des personnes travaillant dans l'humanitaire, le sport était la dernière chose dont ces populations avaient besoin. La culture humanitaire française est assez hermétique aux nouvelles façons de faire et il a fallu pendant longtemps se battre contre les idées reçues. J'ai retrouvé ce scepticisme en arrivant chez Ashoka. Comme son siège est aux USA, nous avons été perçus comme des Américains qui débarquaient et venaient manger une part du gâteau qui ne grandirait jamais. Nous avons dû montrer que nous étions une association internationale, présente dans 70 pays, et que nous avions une approche complémentaire avec des synergies, des croisements possibles. Le dernier niveau de scepticisme est celui de la société vis-à-vis de la notion d'entrepreneuriat. Beaucoup de gens ayant rejoint le monde de l'entreprise par défaut, il nous faut mobiliser les énergies de créativité et d'innovations qui sont éteintes. Le jour où y aura autant d'Ashoka que de fonds d'investissement ou de business angels, les réponses aux problèmes de société seront complément différentes …

Mon métier me passionne et je me demande même ce que je pourrais trouver de plus passionnant après …Mes satisfactions ? Être en phase avec ses valeurs, avoir de la liberté d'action et de décision, voir l'impact de ses actions, amener les gens à réfléchir différemment sur leurs projets en les écoutant et en prenant du recul, ou pour les investisseurs, en leur ouvrant les yeux et en les intéressant à des choses nouvelles."

Mes messages-clefs
"Ecoutez votre instinct : on ne va dans ce secteur que si on en a envie et il n'y a rien de pire que de refouler cette pulsion. Même s'il est difficile de s'affranchir du regard des autres, n'écoutez que vous-même et lancez-vous car plus on sera, mieux on sera !."

 

 


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