Numéro
30 - Février 2007
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web…
et ailleurs
Ces
patrons pour qui l’argent ne fait pas le bonheur…
Louis Gallois, nouveau coprésident exécutif
d'EADS, avait déjà fait les gros titres
à l’été 2006 en refusant
l’augmentation de 1 200 % qui l’attendait
à son nouveau poste - avec un salaire de 2,33
millions d’euros par an, égal à
celui de son prédécesseur et de l’autre
co-dirigeant Thomas Enders. L’ex-patron de la
SNCF, estimant qu’il serait trop payé,
aurait donc demandé de ramener son salaire au
niveau de celui qu’il touchait à la tête
des cheminots, soit 180 000 euros annuels (treize fois
moins que ce qui lui était proposé !).
Un casse-tête pour les administrateurs, puisque
les statuts d'EADS imposent une rémunération
équivalente pour les co-présidents –
pour résoudre l’affaire, Louis Gallois
aurait finalement proposé, selon le magazine
Capital, de recevoir le salaire de son choix et de verser
la différence à des oeuvres humanitaires…
Autre latitude, même attitude : aux Etats-Unis,
le patron du leader de la distribution bio, Whole Foods
Market, vient d’annoncer, dans un courrier à
l’ensemble des salariés du groupe, sa décision
de relever le rapport entre le salaire moyen et les
plus hauts salaires (de 14 à 19 fois –
en sachant que la moyenne de ce rapport dans les 500
plus grosses entreprises américaines est à
431 !), afin de mieux résister aux offres faites
par les chasseurs de tête aux cadres dirigeants
de l’entreprise. Mais la partie la plus révolutionnaire
de ce mail est la seconde annonce faite par John Mackey
: à 53 ans, il s’estime désormais
assez riche et, souhaitant continuer à travailler
pour le plaisir, il a décidé de ne plus
se payer… qu’un dollar par an, en donnant
l’ensemble de ses stocks options à la fondation
caritative Whole Foods.
Lisez l’intégralité
du mail de John Mackey à ses équipes sur
le blog du PDG
Saint-Valentin : la fleur n'est plus en odeur
de sainteté…
La
Fête des Amoureux devient décidément
l’occasion pour les ONG d’attirer l’attention
sur la face cachée des industries des gages d’amour,
tant il est vrai qu’ils n’ont pas toujours
la pureté des sentiments qu’ils sont sensés
exprimer : après l’or et les diamants les
années passées, c’est cette année
aux fleurs que s’en sont pris les activistes.
Ainsi aux Etats-Unis, c’est le livre « Flower
Confidential » d’Amy Stewart, sous-titré
« The Good, the Bad, and the Beautiful in the
Business of Flowers » et paru début janvier,
qui a mis le feu aux poudres, suivi par un regain d’activité
de la campagne « Fairness in Flowers » de
l’International Labor Rights Fund (ILRF), lancée
lors de la Fête des Mères 2003 pour dénoncer
les conditions de travail dans les plantations d’Amérique
Latine (qui représentent 78% des fleurs vendues
dans le pays).
Il est vrai que la fleur coupée a parfois des
racines encombrantes : en Colombie, numéro deux
mondial de cette industrie derrière les Pays-Bas,
on déverserait ainsi 97 kilos de pesticides par
hectare chaque année sur les plantations et dans
un contexte où les normes de protection des travailleurs
sont inexistantes, les ouvrières chargées
de la coupe accumulent les problèmes neurologiques,
les fausses couches, etc. ; idem au Kenya, devenu le
premier fournisseur de roses en Europe avec près
de 40% du marché grâce aux fleurs importées
par avion (le bilan énergétique de ce
transport resterait inférieur à celui
d'une serre hollandaise chauffée et éclairée
24 heures sur 24, dit-on)…
Que faire alors : jeter les bouquets aux orties ? En
attendant l’arrivée dans les grandes surfaces
hexagonales des fleurs portant le label de commerce
équitable Max Havelaar (elles sont disponibles
en Suisse, chez les enseignes Coop et Migros, depuis
2001), les premières roses équitables
sont proposées en France, depuis 2005, par une
société spécialisée dans
la vente en ligne, rosavenir.com. A défaut, et
même s'il est vrai que la production de fleurs
coupées en Europe est extrêmement consommatrice
d’énergie (serres, transport routier, etc.)
et là encore polluante, il reste toujours l’option
consistant à choisir des fleurs produites localement
qui offrent néanmoins des garanties sociales
indéniables et de meilleures garanties environnementales.
N'hésitez donc pas à demander à
votre fleuriste de quel pays ou région viennent
ses fleurs, vous serez peut-être agréablement
surpris ! Parmi les sites de ventes de fleurs produites
en France, Approfleurs.com par exemple ne commercialise
que des fleurs cultivées dans le Var.
Autre alternative : la rose Marie-Claire, lancée
en mars 2006 par le célèbre magazine féminin
et distribuée cette année par les magasins
Botanic, le réseau Interflora, les boutiques
de vêtements Caroll, les magasins Carrefour et
des fleuristes indépendants grâce au soutien
de la Fédération Nationale des Fleuristes
de France. Cette rose, qui n’offre certes pas
de garantie particulière sur les conditions sociales
ou environnementales de sa production, a quand même
le mérite de fonctionner comme un produit-partage
: chaque fleur est vendue trois euros pièce et
la moitié est reversée à des associations
qui œuvrent, partout dans le monde, pour la scolarisation
des fillettes pour leur éviter travail ou prostitution
et leur assurer un avenir.
Pour en savoir plus :
Consultez les
informations sur le livre « Flower Confidential
» et achetez-le
en ligne sur amazon.fr
Consultez le site de l’ILRF pour en savoir plus
sur la campagne «
Fairness in Flowers »
Consultez les sites français proposant des alternatives
: www.rosavenir.com
et www.approfleurs.com
Consultez le site
d'information sur la rose Marie-Claire
Les
créatifs culturels ou l’émergence
des alter-citoyens dans l’hexagone
L’étude sur les créatifs culturels
en France s’inscrit dans le cadre d’une
étude plus large lancée en 2003 dans 5
pays d’Europe, à la suite de l’étude
américaine qui est à l’origine du
concept et du terme de « créatifs culturels
» . De quoi s’agit-il exactement ? Le sociologue
Paul Ray et la psychologue Sherry Ruth Anderson ont
publié à New-York en 2000 les résultats
de plusieurs années d’investigations de
terrain et d’enquêtes d’opinion. Leurs
travaux révélent que 24% des Américains
adultes ont adopté une façon d'être
et de penser qui ne répondait plus du tout au
modèle occidental "moderniste" –
fondé sur l’individualisme, le capitalisme,
et le divertissement.
S'écartant résolument de la "pensée
unique", ils placent au cœur de leurs préoccupations
l'éducation des enfants, la spiritualité,
la politique, les médecines alternatives, les
produits équitables ou bio... Mais cette révolution
reste silencieuse, notamment dans les médias
et les
« créatifs culturels » échappent
le plus souvent aux radars des enquêtes qui les
prennent au mieux pour une mode ou un concept marketing
un peu superficiel genre "bobos" (bourgeois
bohèmes) ou "nonos" (no logos, no marques),
soulignait aussi l’étude américaine.
L’enquête hexagonale, publiée début
mars 2007 aux Editions Yves Michel sous la direction
scientifique du sociologue Jean-Pierre Worms, montre
que cette famille socio-culturelle à la pointe
du changement sociétal représente 17%
des Français, et surtout des Françaises
(67% des créatifs culturels) ! Elle confirme
aussi les caractéristiques communes qui fondent
le regroupement statistique de cette famille, et que
Jean-Pierre Worms dans sa préface résume
ainsi : la valorisation croissante du « développement
personnel » et l’intérêt pour
toutes les démarches et tous les outils d’aide
à l’auto-production de soi ; le recentrage
des priorités sur l’être plutôt
que sur le paraître ou l’avoir ; le recul,
voire la méfiance à l’égard
de toute structure ou institution assignant de l’extérieur
à l’individu son mode de pensée,
de vie et de comportement social (notamment églises
et partis politiques) ; la reconquête de son autonomie
dans la gestion de sa santé, dans l’éducation
de ses enfants et, plus généralement dans
ses modes de vie et de consommation, notamment alimentaire
; la valorisation de la diversité des identités
et des solidarités ; et enfin le souci d’un
vivre ensemble plus harmonieux, de la paix, et de l’avenir
de la « maison commune », l’engagement
écologique et pour le développement durable.
Pour en savoir plus :
Le site web en anglais créé par P. Ray
et S. Anderson : www.culturalcreatives.org
Le test en ligne
« Etes-vous un créatif culturel ? »
sur le site des Editions Yves Michel
Le livre «
Les Créatifs Culturels en France » paru
aux Editions Yves Michel, à acheter en ligne
sur amazon.fr (132 pages, 13,80 euros)
Le premier skateshop écologique ouvre
ses portes à Grenoble
Cela fait déjà
quelques années que les sports de glisse urbaine
frayent avec l'écologie : ligne de vêtements
en chanvre biologique et coton bio chez des marques
comme KanaBeach ou Roxy - dans la lignée de la
voie ouverture par Patagonia, création par Bob
Burnsquist et d’autres champions de skate d’une
association environnementale (The Action Sports Environmental
Coalition), organisation des premiers X Games écologiques
(voir notre
newsletter n°7 d’août 2004), planches
de skate en bambou chez Lush Longboards ou Sector 9,
process de fabrication écologiques chez les Californiens
de Comet Skateboards (la marque qui utilise du bambou
ou du bois certifié FSC, de la colle et des résines
à base d'eau) mais aussi de Glissade snowboards
(qui partage l'usine avec la précédente
et fonctionne à l'énergie solaire), etc.
Autant d’offres encore alternatives mais qui peuvent
contribuer à développer une demande encore
émergente. C'est en tous les cas ce qui motive
les trois fondateurs de "Tant que l'Animal Chill",
le premier magasin de skateboard et de snowboard "activiste
et engagé" qui a ouvert ses portes mi-février
à Grenoble. Produits de prêt-à-porter
écologiques, chaussures "vegan" (sans
matière d’origine animale), planches de
skate et de snowboard mais également livres d’arts
alternatifs et accès à tout un réseau
d’associations de protection de l'environnement
: "Tant que l'Animal Chill" veut être
un lieu où se retrouvent passionnés de
skateboard et de snowboard, artistes et écologistes…
A signaler : la jeune entreprise est aussi membre du
Club « 1% pour la Planète » initié
par le fondateur de Patagonia Yvon Chouinard, regroupant
des entreprises qui s’engagent à verser
1% de leur chiffre d’affaires à des causes
environnementales.
Pour en savoir plus :
Le site de la nouvelle boutique de Grenoble "Tant
que l'Animal Chill"
Les marques de skate ou snowboard proposant une offre
écologique : www.sector9.com,
www.lushlongboards.com,
www.cometskateboards.com,
www.glissadesnowboards.com
Le site de The Action Sports Environmental Coalition
: www.asecaction.org
Le site de l’initiative « 1% pour la planète
» : www.onepercentfortheplanet.org
L’audace
des entrepreneurs sociaux leur vaut un salon et des
livres…
2 millions de salariés, 1 million de bénévoles
dans 20 000 coopératives, 3 000 mutuelles de
santé, 1 300 fondations, 5 000 entreprises d’insertion
et 800 000 associations… L’économie
sociale et solidaire, autrefois appelé «
tiers-secteur », est un vaste secteur dont l’offre
se développe rapidement en réponse à
une forte demande sociale de proximité et de
solidarité. Au sein de ce secteur, les entrepreneurs
sociaux se distinguent par une approche commune consistant
à parier sur l’efficacité économique
pour maximiser, non pas le profit mais l’innovation
sociale – et ainsi venir en aide aux plus démunis,
aux handicapés, aux personnes âgées,
ou mener des actions en faveur de l'environnement ou
du commerce équitable. Selon Hugues Sibille,
adjoint du président du Crédit coopératif
et président de l'Agence de valorisation des
initiatives socio-économiques (Avise), les entreprises
sociales seraient désormais 40 à 50 000,
avec environ 700 000 emplois. Au moment où l'édition
2007 du Salon des entrepreneurs, qui s’est tenu
au Palais des congrès début février,
leur a pour la première fois ouvert un espace
spécifique, et alors qu’HEC et l’ESSEC
leur consacrent désormais des formations dédiées
(« alter-management » et « entrepreneuriat
social » respectivement), un livre français
vient de leur être dédié : «
L'audace des entrepreneurs sociaux », de Virginie
Seghers et Sylvain Allemand, paru aux Editions Autrement,
prend ainsi le relais du très intéressant
« Les Entrepreneurs sociaux et le pouvoir des
idées nouvelles », écrit par le
journaliste américain David Bornstein et traduit
l’an dernier en français.
Pour en savoir plus :
Achetez
en ligne sur amazon.fr le livre tout juste paru aux
Editions Autrement :
«
L'audace des entrepreneurs sociaux - Concilier efficacité
économique et innovation sociale »,
par Virginie Seghers et Sylvain Allemand (240 pages,
20 euros) ; et celui paru aux Editions La Découverte
l'an dernier : «
Les Entrepreneurs sociaux et le pouvoir des idées
nouvelles », par David Bornstein (300 pages,
22 euros).
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