Numéro 7- Août
2004
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web…
et ailleurs
(Y)our Future : un magazine
britannique sur les carrières du développement
durable
Créé en 2002 par le réseau étudiant
britannique People & Planet, avec le soutien de
personnalités comme Anita Roddick, fondatrice
de l’enseigne The Body Shop, (Y)our Future est
le premier magazine consacré aux « carrières
éthiques » : paraissant 3 fois par an,
il propose des interviews de professionnels mais aussi
des articles de fond sur les formations , les réseaux,
les débouchés et les métiers, les
secteurs d’activités proposant des postes
orientés « développement durable
», et naturellement toute une série de
conseils pratiques pour gagner sa vie sans perdre son
âme ! Après 2 années de parution
en version papier, le magazine devrait continuer en
ligne : le site web Ethicalcareers.org s’enrichira
ainsi dans les prochaines semaines de l’ensemble
des articles parus et de plus de 500 liens vers des
organisations éthiques, des employeurs potentiels,
des opportunités de formation ou de bénévolat.
De quoi nourrir l’inspiration de ceux qui cherchent
un emploi en phase avec leurs valeurs, en attendant
la parution du guide consacré à ce sujet
que Graines de changement publiera chez Village Mondial
en octobre prochain…
Pour en savoir plus :
www.ethicalcareers.org
www.peopleandplanet.org
A Philadelphie, le White
Dog Café fait de la responsabilité sociale
le plat de résistance !
Après avoir co-fondé l’enseigne
de vêtements Urban Outfitters, dans les années
70, Judy Wicks a créé le White Dog Café
en 1983, dans une série de maisons victoriennes
du quartier universitaire de Philadelphie : 21 ans plus
tard, c'est l’un des hauts lieux de la gastronomie
américaine, classé parmi le top 50
des restaurants US par Conde Nast, avec des menus privilégiant
les produits bio de saison cultivés par des producteurs
locaux et bannissant les espèces de poisson menacées
ou les OGM. Comme tout restaurant à succès
qui se respecte, le White Dog Café a même
publié un livre de recettes créatives
et "multi-culturelles",
co-signé par Judy Wicks et son chef Kevin von
Klause ! Pourtant, ce qui a valu à Judy Wicks
les principaux prix qu’elle a reçu (comme
son classement dans les 25 premiers entrepreneurs américains
de Inc. Magazine ou encore le "Living
Economy Award" décerné
par le magazine Business Ethics), ce n’est pas
tant ses recettes que la réputation d’entreprise
responsable du White Dog Café. Judy Wicks confie
en effet volontiers qu'elle "utilise la bonne
chère pour attirer d’innocents consommateurs
vers l’activisme social". Pour
cela, le White Dog Café
organise par exemple des dîners-débats
sur des sujets de société, mais aussi
des journées de bénévolat à
l’attention de ses clients en partenariat avec
les jardins urbains des environs. Judy Wicks a également
initié un programme d’échanges et
de voyages dans des pays avec lesquels les Etats-Unis
ont peu de dialogue politique (le Nicaragua, Cuba, le
Mexique, les Pays-Bas, la Lituanie, le Vietnam, etc.),
en partenariat avec des restaurants locaux, pour permettre
à ses clients de découvrir d’autres
traditions culinaires ou "d’autres cultures,
d’autres systèmes politiques et économiques",
mais aussi de mieux connaître "les principaux
problèmes sociaux ou environnementaux de ces
pays et les impacts de la politique étrangère
américaine" ! La fondatrice du White
Dog Café, qui a la cinquantaine énergique
(il faut dire que l’entreprise achète l’intégralité
de son électricité à des fermes
à éoliennes !), a également lancé
en 1992 un programme à l’attention des
jeunes des banlieues qui veulent travailler dans la
restauration, et a ouvert en 1989 une boutique adjacente
au restaurant, le Black Cat Store, qui propose des cadeaux
réalisés par des communautés en
difficulté. Au total, l’entreprise emploie
désormais plus de 100 personnes, qui bénéficient
d’avantages sociaux généralement
inexistants dans la restauration. Elle affiche un chiffre
d’affaires annuel de 5 millions de dollars et
reverse 20% de ses profits à la White Dog Café
Foundation, qui soutient de nombreux programmes associatifs
sur la non-discrimination, la résolution de conflits,
l’équité sociale, etc. "Je
me suis rendue compte que je n’avais pas le temps
de m’occuper de mes affaires et de poursuivre
mes autres buts à côté",
se souvient aujourd’hui Judy Wicks. "Si
je voulais faire quelque chose pour les autres, il fallait
que je le fasse avec le restaurant."
Mission accomplie.
Pour en savoir plus et recevoir la newsletter
du restaurant (envoyée à 15 000 personnes!)
: www.whitedog.com
Eurasia
: le tour du monde de l'architecture écologique
On conseille souvent à ceux qui travaillent,
ou cherchent à travailler, dans le développement
durable, d'aller puiser leur inspiration ailleurs, en
dehors de nos frontières. Depuis quelques temps,
de plus en plus de jeunes diplômés choisissent
ainsi de passer une année, avant d'entrer dans
la vie active, à arpenter les sept continents,
en quête d'initiatives innovantes de développement
durable. Ils en reviennent généralement
les bagages chargés d'idées pour mettre
leur créativité et leurs compétences
au service du développement durable en s'engageant
dans le commerce équitable, l'information positive,
etc. Ces dernières années, ces tours du
monde deviennent de plus en plus ciblés, comme
le montre l'exemple du projet Eurasia : porté
par trois étudiants aux profils très complémentaires
(architecture, design industriel, environnement et management),
il a pour objectif le partage de connaissances sur tout
ce qui concerne l'architecture écologique. Depuis
leur départ en février 2004, Thomas et
Etienne ont donc visité l’Europe de l'Est,
l ’Asie, le Maghreb, la Russie, l’Espagne
et le Portugal à la recherche des savoir-faire
traditionnels mais aussi de pratiques et de projets
de construction plus respectueux de l'environnement,
comme par exemple le Barefoot College au Rajhastan.
Tous les projets étudiés alimentent une
base de données en ligne, accessible à
tous (professionnels de la construction, étudiants,
etc.) et qui devrait devenir une source d'inspiration
pour de nouveaux projets de construction. Guillaume,
lui, est resté en France et travaille à
l'organisation du réseau, puisque la mission
d'Eurasia est aussi de faciliter l'échange d'informations
sur l'architecture durable au niveau international.
Pour Dominique Gauzin-Müller, l'une des architectes-phares
de l'architecture écologique en Europe, "les
projets découverts par Eurasia prouvent que les
pays en voie de développement sont au moins aussi
engagés que nous dans le développement
durable." Comme quoi, finalement, ces tours
du monde sont aussi enrichissants pour ceux qui partent
à la recherche de l'information que pour ceux
qui restent et qui en bénéficient!
Pour en savoir plus :
www.archi-eurasia.org
Sur les tours du monde en quête d'initiatives
de développement durable, voir aussi le projet
80 Hommes, présenté dans notre
newsletter n°1 de Février 2004
Sur le Barefoot College, en Inde, l'un des projets étudiés
par Eurasia, voir notre
newsletter n°5 de juin 2004
Les X Games plus "verts"
que les J.O.
Alors que les J.O. d’Athènes auront été
marqués par un net ralentissement des efforts
environnementaux, en rupture avec les ambitions affichées
lors des éditions précédentes,
l’industrie des sports extrêmes en a profité
pour prendre une avance significative en faisant de
la dixième édition des X Games, début
août, la plus écologique de l’histoire
de ces Jeux alternatifs. Parmi les initiatives prises
dans le cadre de l’effort "modeste et
monumental" des organisateurs pour sensibiliser
leur jeune public aux enjeux environnementaux : les
rampes utilisées pour les compétitions
de skateboard et de vélo étaient construites
en bois issu de forêts durables, certifié
par le Forest Stewardship Council et fourni par l’enseigne
Home Depot - ce skatepark vert sera donné à
des communautés défavorisées après
les X Games ; la sonorisation des événements
était assurée grâce à de
l’électricité provenant de panneaux
photovoltaïques ; des stations de recyclage étaient
disponibles dans les tribunes des spectateurs et dans
les vestiaires des athlètes ; différentes
initiatives soutenues par les champions des disciplines
présentes (skateboard, wakeboard, BMX, etc.)
permettaient par ailleurs de sensibiliser les jeunes
aux gestes verts – ainsi, un quiz sur l’environnement
permettait de gagner un vélo BMX ayant appartenu
à Mat Hoffman, une légende de ce sport,
ainsi qu’une année de lait de soja gratuit
! L’idée initiale de l’ASEC (Action
Sports Environmental Council), une association de sportifs
qui a initié cette ambition environnementale,
était d’utiliser la popularité des
sports extrêmes auprès des jeunes pour
ouvrir avec eux le dialogue sur l’environnement.
Un pari réussi, selon le skateboarder Bob Burnquist,
co-fondateur de l’ASEC : "un événement
comme celui-ci nous permet d’éduquer les
jeunes sur des problèmes écologiques qui
affectent leurs sports et leurs vies." Un
effort qui devrait être reconduit et amplifié
l’an prochain, avec plus d’énergie
solaire, plus de bio-diesel utilisé dans les
différents générateurs, des couverts
jetables biodégradables et du matériel
publi-promotionnel imprimé sur papier recyclé
et également biodégradable.
Pour en savoir plus sur les X Games : http://expn.go.com
Grandes écoles
et universités : à quand des "campus
responsables" ?
Non contentes
de développer des programmes de formation (MBA,
mastères, etc.) spécifiques sur le développement
durable, un nombre croissant de grandes écoles
et d’universités, notamment dans les pays
anglo-saxons, s’engagent dans une véritable
démarche de responsabilité sociale et
environnementale. Un engagement international, la Déclaration
de Talloires, existe même depuis 1990 et a été
signée par plus de 300 directeurs d’établissements
(deux universités françaises seulement
ont à ce jour signé cette déclaration…
pourtant élaborée en France, sur les berges
du lac d’Annecy !) : elle les engage à
développer des politiques et pratiques responsables,
mais aussi à faire du développement durable
un sujet prioritaire dans leurs enseignements, recherches,
etc. Ces engagements ont été précédés
puis relayés par des organisations américaines
pionnières du sujet comme Second Nature ou University
Leaders for a Sustainable Future, et en 1996, un Sommet
de la Terre des Campus (Campus Earth Summit), tenu aux
Etats-Unis, a proposé un plan d’action
pour des campus plus responsables, autour de dix principes,
dont l’intégration du développement
durable à l’enseignement, la participation
des étudiants au travail sur la responsabilité
environnementale et sociale du campus, la mise en place
d’une politique environnementale (audits, achats
responsables, réduction des déchets, efficacité
énergétique) et de pratiques responsables
d’aménagement, de transport et de construction,
la mise en place d’un bureau environnemental à
l’attention des élèves, et le soutien
aux étudiants qui veulent faire carrière
dans le développement durable. Dans la foulée,
la première conférence internationale
"Greening the campus" s'est
tenue en 1999 à Lund, en Suède. L’idée
est qu’à terme, ces démarches deviennent
un élément-clef de la réputation
des établissements, auprès des étudiants
comme auprès des entreprises ! L’initiative
"Beyond Grey Pinstripes" de l’ONG
environnementale World Resources Institute s’intéresse
même spécifiquement au sujet des campus
responsables et établit depuis plusieurs années
un classement des écoles ou universités
du monde entier. A titre d’exemple, l’université
de Harvard fait partie des huit établissements
les plus avancés dans le monde : elle a créé
un Centre pour l’Environment à l’attention
des étudiants (voir http://environment.harvard.edu/)
et un site web dédié à sa démarche
de "campus responsable" (www.greencampus.harvard.edu/).
Pour en savoir plus :
- L’initiative Beyond Grey Pinstriples : www.beyondgreypinstripes.org
- L’association University Leaders for a Sustainable
Future : www.ulsf.org
- Second Nature, association créée en
1993 par le Professeur Anthony Cortese et le Sénateur
John Kerry : www.secondnature.org
- Campus Compact, une association américaine
des présidents d’universités et
de collèges souhaitant faciliter l’engagement
citoyen de leurs étudiants et de leurs établissements
: www.compact.org
- La conférence annuelle « Greening the
campus » organisée par l’Université
de l’Indiana : www.bsu.edu/provost/ceres/greening/
- Association anglaise des collèges et universités
pour l’environnement : www.eauc.org.uk
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Changement, Août 2004 - Tous droits de reproduction
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