Numéro
32 - Avril/Mai 2007
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web...
et ailleurs
Dans le
19e arrondissement de Paris, le quotidien est bio pour
les petits !
Hasard géographique
ou étonnante synchronicité : deux établissements
alternatifs pour les enfants viennent d’ouvrir
leurs portes dans le 19e arrondissement de Paris.
Le premier s’adresse aux bébés :
située sur le site de l’ancien hôpital
Hérold, rue Francis Ponge, la première
éco-crèche de 66 places, inaugurée
en mars dernier par le Maire de Paris, accueille les
tout-petits dans un bâtiment construit selon les
principes de la haute qualité environnementale,
avec des matériaux naturels et non-toxiques (peintures
et vernis NF Environnement, sol en caoutchouc pour remplacer
le polluant PVC, etc.), et toute une série de
choix écologiques et ambitieux (60 m2 de panneaux
solaires pour préchauffer l’eau sanitaire
utilisée aux postes de change et dans les machines
à laver, une toiture-terrasse végétalisée
pour améliorer l’isolation du bâtiment
et récupérer 30 à 50 % de l’eau
de pluie afin de limiter l’engorgement des égouts
et arroser le jardin, des ampoules à basse consommation
imitant la lumière naturelle pour éviter
l’éblouissement). Un engagement qui se
retrouve dans les pratiques quotidiennes de la crèche,
où la nourriture est bio et sans emballages superflus,
les jouets et le mobilier sont en matériaux naturels
(vois principalement), les produits d’entretien
sont écologiques, les livraisons sont hebdomadaires
et à 80% effectuées par des véhicules
roulant au GPL, et le directeur (diversité oblige,
c’et un homme !) a opté pour une politique
« zéro lingette ».
Le second est bien parti pour prendre le relais du premier
: Living School est une école bilingue privée
innovante qui ouvrira à la rentrée prochaine
sa première classe de maternelle (3-6 ans). Sous
l’impulsion de sa fondatrice Caroline Sost, qui
a mis 3 ans à mener à bien son projet,
cette école propose, en plus du programme de
l'Education nationale, d'enseigner aux enfants les attitudes
essentielles de la vie : être autonome, avoir
des relations harmonieuses avec les autres, être
en bonne santé, comprendre le monde et y apporter
sa contribution. Parrainée par Jean-Louis Servan-Schreiber
(Psychologies Magazine), André Giordan (Professeur
à l'Université de Genève, auteur
de «Une autre école pour nos enfants»)
et Patrick Viveret (philosophe et magistrat à
la Cour des Comptes), Living School fait aussi la part
belle dans son cursus à l’éducation
à l'environnement et au développement
durable, à la citoyenneté et à
la santé... Objectif : « préparer
les enfants à lire, écrire et compter
» mais aussi « à devenir
des citoyens du monde, épanouis et responsables
».
Pour en savoir plus : www.livingschool.fr
et le
site de la Mairie de Paris présentant la toute
nouvelle éco-crèche Hérold
Deux
documentaires dénoncent les excès de l'industrie
agroalimentaire pour mobiliser les consom'acteurs
L'industrialisation de la production alimentaire a quelques
vertus : elle a notamment permis au plus grand nombre,
dans les pays occidentaux, d’accéder à
une nourriture abondante et de repousser les menaces
de famine. Mais cette médaille a son revers :
l’alimentation, qui reliait fondamentalement le
champ à l’assiette et les hommes à
la nature, est devenue un processus industriel ultra-technique
et avant tout opaque, où peu à peu les
consommateurs ont totalement perdu de vue l’origine,
les conditions de production affranchie de tous les
cycles de la nature (saison, jour et nuit) et les impacts
sociaux, environnementaux ou éthiques de ce qu’ils
achètent... Un fond de mauvaise conscience subsiste,
souvent, qui nous pousse à ne pas vouloir connaître,
par exemple, les conditions d’élevage des
poules qui pondent les œufs qui se retrouvent,
presqu’à notre insu, dans les préparations
en poudre pour flan aux œufs. Mais l’information
est le premier pas vers l’action et l’exercice
de notre pouvoir de consommateurs. C’est assez
dire l’utilité de deux documentaires autrichiens
qui viennent de sortir sur les écrans de l’hexagone
: le premier est Notre Pain Quotidien (Grand
Prix du Festival international du film d'environnement
de Paris en 2006), pour lequel le réalisateur
Nikolaus Geyrhalter a passé deux ans à
sillonner l'Europe pour filmer les coulisses des grands
groupes de l'agroalimentaire. Résultat : une
série de plans fixes, sans commentaire, avec
quelques hommes robotisés travaillant dans des
abattoirs-usines où porcs et poissons défilent
devant les éventreurs mécaniques, dans
des hangars où des milliers de poules se pressent
les unes contre les autres avant d’être
aspirées sur un tapis roulant d’où
elles sortent pré-emballées sous cellophane...
et même dans des champs d’oliviers qu’un
tracteur à pinces vient secouer sans état
d’âme. Le second « We feed the world
» (Le marché de la faim) du réalisateur
Erwin Wagenhofer, montre les dessous de la production
industrielle de nos aliments, à partir de témoignages
d'agriculteurs, de pêcheurs, mais aussi d'industriels
comme le PDG de Nestlé ou un cadre de Pioneer
(leader mondial de la production de semences), et dénonce
au passage l’absurdité du système
: quelque 350.000 hectares de terres agricoles, essentiellement
en Amérique latine, sont utilisés pour
cultiver du soja destiné à la nourriture
du cheptel des pays européens alors que près
d’un quart de la population de ces pays souffre
de malnutrition chronique ; et chaque Européen
consomme annuellement 10 kilos de légumes verts,
irrigués artificiellement dans le Sud de l’Espagne
où leur culture provoque localement des pénuries
d’eau. La thèse est simple et la démonstration
efficace : si certains ont faim, c’est parce que
le prix bas de nos aliments ne reflète pas leur
coût écologique (les milliers de kilomètres
et des tonnes de kérosène des fraises
que nous consommons en hiver) et social (notamment dans
les pays du Sud)...
Souhaitons que ces films noirs et militants suscitent
plus de révolte et d’énergie de
changement que de désespoir chez ceux qui les
verront. Car notre pouvoir de «consom'acteurs»
reste entier : nous sommes libres de refuser ce système
et de faire d’autres choix, chaque jour.
Pour en savoir plus :
www.ourdailybread.at
www.le-marche-de-la-faim.fr
A lire : Le Marché de la faim , de Erwin Wagenhofer
et Max Annas, éd. Actes Sud 2007, 224 pp., 20
euros.
ATTENTION
: Graines de changement a proposé en mai 2007
aux abonnés à sa newsletter de gagner
10 exemplaires du livre-essai "Le marché
de la faim" (Actes Sud. Face au succès
de ces initiatives, nous tentons de réitérer
le principe d'un jeu tous les mois ! Pour être
informé du jeu le mois prochain, pensez à
nous
faire un mail pour vous abonner à la newsletter
si ce n'est pas encore fait, et si vous êtes déjà
abonné, n'attendez pas avant de la lire quand
vous la recevez ! A bientôt...
La New Resource Bank
parie sur la croissance verte
Peu de temps après
le rapport des Amis de la Terre sur le manque d’ambition
des banques françaises en matière de financement
des alternatives aux énergies fossiles (des économies
aux énergies renouvelables... - voir notre
newsletter
de mars 2007), un établissement a ouvert
ses portes en novembre dernier à San Francisco
avec une particularité bien sympathique : la
New Resource Bank ne propose que des produits financiers
dont l'impact sera positif pour l'environnement, à
l’attention de clients souhaitant voir leur argent
investi dans des projets écologiques.
La bonne nouvelle est que les intentions des fondateurs
ne sont pas seulement philanthropiques : les 240 investisseurs
ayant apporté la mise initiale de 24,7M$ sont
pour l’essentiel issus du milieu des affaires
de la Silicon Valley, comme les fondateurs de Sybase
ou Lotus Development. ... avec quelques entrepreneurs
écologistes convaincus comme Ray Anderson, le
patron-fondateur d’Interface. Le concept de la
New Resource Bank est d’ailleurs inspiré
de la Silicon Valley Bank, née dans les années
80 à San José pour financer les nouvelles
technologies et qui compte désormais 30 succursales
de New York à Shanghai. Pour Peter Liu, 41 ans,
un ancien cadre dirigeant de Credit Suisse First Boston
et de Chase Manhattan Bank devenu fondateur et vice-président
de la nouvelle entité, «une formidable
opportunité de marché s’offre à
une banque dont la mission est d’aider les entrepreneurs
de l’écologie à se développer
de façon plus durable. La demande en énergie
solaire, en alimentation biologique et en autres produits
écologiques croît de façon exponentielle,
et tous ces marchés sont extrêmement prometteurs
pour nous.»
Exemplarité oblige : la première banque
commerciale américaine à cibler les industries
propres a choisi pour son siège social un édifice
titulaire du niveau « or » de la certification
américaine LEED qui distingue les bâtiments
écologiques, la banque utilise exclusivement
du papier recyclé et les employés reçoivent
jusqu’à 60$ par semaine pour les encourager
à prendre les transports en commun. Résolue
à être aussi compétitive que les
autres banques, la New Resource Bank s’engage
à proposer des taux pour l’épargne
et les prêts semblables à ses grands concurrents,
et elle propose à ses clients des rabais sur
les frais de transaction liés à l’utilisation
de guichets automatiques d’autres banques. Enfin,
dans les premières initiatives annoncées
par la New Resource Bank, on compte notamment un partenariat
avec SunPower, un fabricant californien de panneaux
solaires : la banque propose aux propriétaires
de maisons une solution de financement leur permettant
d’installer des panneaux solaires sans débourser
un centime de plus que leur facture mensuelle d’électricité
!
Pour en savoir plus : www.newresourcebank.com
Voyagespourlaplanete.com
: la première agence de voyage dédiée
au tourisme responsable
Vous avez choisi de profiter des longs week-ends de
mai pour préparer vos prochaines vacances ? Voici
un site qui vous guidera dans vos recherches. Il s'agit
de voyagespourlaplanete.com, la première agence
de voyages en ligne exclusivement dédiée
aux offres d'écotourisme. Un nombre croissant
d’alter-consommateurs se tournent désormais
vers l'écotourisme, soucieux de prolonger leur
engagement pour l'environnement jusque dans leurs voyages,
il faut bien avouer que jusqu’à présent
il fallait faire partie des initiés pour savoir
comment dénicher la destination idéale,
alliant dépaysement, beauté, exotisme
... et véritable « plus » en
termes de développement durable. Désormais
la démarche est accessible à tous, grâce
au tout nouveau site voyagespourlaplanete.com. Les hôtels,
écolodges, gîtes et tours opérateurs
qui y figurent ont été rigoureusement
choisi pour le sérieux de leur démarche
par l’Association Française d’Ecotourisme
et ses partenaires. Ainsi, la plupart bénéficient
de labels du tourisme durable ou de récompenses
obtenues dans leurs pays respectifs. Ce sont tous des
hébergements à taille humaine qui répondent
à des critères allant de la qualité
de la prestation à la réduction des impacts
environnementaux, en passant par la mise en valeur des
spécificités locales, la contribution
à l’emploi et au développement économique
local, ou encore le juste retour et bien-être
des populations locales (financement de projets de développement
locaux, etc). La diversité est au menu : 70 destinations
sont proposées, pour tous les budgets et envies
: luxueuses écolodges au beau milieu de la jungle
du Costa-Rica mais aussi gîte rural éco-construit
au pied des Pyrénées, péniche solaire
sur le Canal du Midi, hôtel de charme poitevin
très soucieux de l’environnement, famille
d’accueil Mapuche au Chili ou kasbah traditionnelle
au Maroc... Seul point commun : l’authenticité,
loin des recettes standardisées du tourisme de
masse.
Pour en savoir plus :
www.voyagespourlaplanete.com
Le site de l'Association Française d'Ecotourisme:
www.ecotourisme.info
Le fondateur, Pascal Languillon est par ailleurs l'auteur
d'un formidable guide sur les Itinéraires Responsables
publié cette année par Lonely Planet et
téléchargeable sur www.ecotourisme.info
A l’occasion de la Journée de
la Terre, les entreprises américaines multiplient
les initiatives pour stimuler la consommation responsable
Pour
la Journée Mondiale de la Terre le 22 avril dernier,
les entreprises américaines ont multiplié
les annonces de plans stratégiques ambitieux
destinés à mobiliser leurs clients pour
mieux protéger l’environnement. Il semble
bien fini le temps où les entreprises regardaient
cette « mode » de loin, lançant un
ou deux produits verts sans grande conviction...
et du coup sans grand succès ! Ainsi, la banque
HSBC (première grande banque à devenir
neutre en carbone en 2005) vient de lancer une campagne
intitulée "There's No Small Change"
qui encourage ses clients à se convertir au paiement
en ligne de leurs factures et au relevé électronique,
en contrepartie de quoi ils reçoivent un "Green
Living Kit" comprenant notamment un abonnement
au "Green Guide" de National Geographic, des
produits respectueux de l'environnement et des réductions
dans des magasins spécialisés. Une campagne
de publicité est dédiée à
l’opération ainsi qu’un site web
permettant aux clients de calculer leur impact sur l'environnement...
De son côté, Wal-Mart, le numéro
un mondial de la distribution qui oscille entre engagement
(magasins écologiques, engagement sur les ventes
d’ampoules économes, etc.) et controverse
(conditions sociales de travail), a profité de
l’occasion pour annoncer la création d’un
baromètre mesurant les attitudes des consommateurs
face aux produits "verts" : ce "Live
Better Index" analyse leur comportement d'achat
sur 5 produits en particulier (les ampoules économes
en énergie, le lait biologique, les détergents
et lessives concentrés ou ayant un packaging
réduit, les produits en papier recyclé
et recyclable, les produits alimentaires biologiques
pour bébés). Au passage, l’enseigne
a rendu publique une étude montrant que 62% des
Américains achèteraient plus de produits
respectueux de l'environnement s'il n'y avait pas de
différence de prix avec les produits classiques
et 57% s'ils comprenaient mieux l'impact de ces produits
sur la protection de l'environnement. Enfin, Home Depot
a annoncé un vaste programme de labellisation
des produits respectueux de l'environnement : sa marque
"Eco Options" est ainsi affichée sur
plus de 2500 produits, incluant des insecticides naturels,
des ampoules économes en énergie, des
peintures non toxiques, des produits provenant de forêts
gérées durablement, etc. Des produits
qui devraient être passés à 6000
d'ici 2009. A signaler : des calculateurs en ligne permettent
de visualiser par type de produits les économies
d'énergie et d'argent réalisées.
Pour en savoir plus :
www.theresnosmallchange.com
et http://hsbccommittochange.com
www.livebetterindex.com
www.homedepot.com/ecooptions
Un
couple canadien au défi de la nourriture locale,
pendant une année entière...
« Le régime 4x4 », c’est ainsi
que Alisa Smith et James MacKinnon qualifient l’alimentation
nord-américaine, où les aliments parcourent
en moyenne 2 500 kilomètres avant d’arriver
dans l’assiette. C’est pour défier
cette aberration statistique que les deux Canadiens
ont décidé un beau jour de printemps 2005
de se mettre au « régime 160 km »
- autrement dit de ne plus consommer que des aliments
et des boissons frais et si possible biologiques, ayant
voyagé 160 km au maximum pour parvenir dans leur
appartement de Vancouver, en Colombie Britannique...
Depuis, la crise des fermes familiales, l’étiquette
carbone des poires biologiques importées de l’autre
bout du monde, le végétarianisme (le temps
de trouver les rares fermes produisant de la viande
à proximité !), les saisons, les jardins
communautaires et la cuisine à base de pommes
de terre n’ont plus de secrets pour eux ! Et entretemps,
leur défi s’est émancipé
en un vrai mouvement, avec des interviews plein les
médias, un livre publié ces jours-ci («
100 Mile Diet: Local Eating for Global Change »
- Ed. Random House) mais surtout un site web dédié
(100MileDiet.org) devenu en quelques semaines le point
de ralliement d’individus du monde entier, soucieux
de redécouvrir l’alimentation locale et
de saison.
Aux très nombreuses personnes qui voudraient
s’inspirer de leur expérience, ils donnent
ce conseil avisé : le début de l’expérience
est forcément plus compliqué, donc il
est sage de commencer par organiser, pour sa famille
et ses amis, un dîner fondé sur le régime
160 km... pour voir ce que cela donne avant d’aller
plus loin ! Et pour ceux qui veulent goûter au
concept à moindre effort, signalons qu’un
restaurant avec une approche similaire a ouvert à
Londres en 2006 : le Café Konstam, dont le chef
Oliver Rowe s’engage à acheter tous ses
ingrédients dans la zone couverte par le métro
londonien !
Pour en savoir plus : www.100MileDiet.org
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