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Interview
de
Marie
Thoumyre-Engel
31 ans
Responsable
des partenariats à l'UNICEF à Genève
web
: www.unicef.fr
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"Je
travaille pour l'UNICEF à Genève. En tant
que responsable des partenariats, mon rôle vise
d'une part à renforcer les compétences
des responsables de la marque UNICEF et des responsables
des Comités Nationaux de l’UNICEF (identification
des besoins de formation, création des outils
et des modèles de formation, animation de sessions
de formation), et d’autre part d'approcher des
partenaires potentiels, de proposer de nouvelles idées
de partenariats et des offres pour les entreprises autour
des projets de l'UNICEF.
Je crois que mon envie de travailler
dans une ONG ou une organisation de l’ONU date
de mon adolescence. C’est un mélange de
beaucoup de choses : sans doute l’influence du
mythe des French Doctors, ou l’exemple de ma tante
qui partait donner des cours en Afrique l’été,
et aussi le fait d’avoir vécu des situations
personnelles dangereuses en Colombie,... En fait, c'est
cette sensation permanente de joie de vivre et d’être
en vie, qui me rappelle que très loin sur terre
il y a encore beaucoup trop de personnes qui luttent
tous les jours pour leur survie. J'ai donc choisi ce
métier parce qu'il donne un sens et un supplément
d’âme à ma vie. J’ai beaucoup
reçu et je continue à beaucoup recevoir,
je crois donc que c'est à mon tour de continuer
la chaîne. On consacre beaucoup de temps de vie
à un emploi et j'ai l'impression que le mien
contribue à rendre le monde un peu meilleur,
en tout cas avec et pour les enfants puisque grâce
aux fonds collectés l’UNICEF peut mettre
en place ses programmes en faveur de l’enfance
dans le monde.
Je suis diplômée d’HEC et j’ai
suivi des cours de licence d’histoire à
la Sorbonne. HEC m’a permis de faire des expériences
internationales qui m’ont confortée dans
ma volonté de m’investir dans le secteur
de la solidarité : j'ai pu ainsi participer à
un échange universitaire au Mexique, ou encore
faire des missions humanitaires avec la Croix Rouge
en Biélorussie et avec Equilibre en Yougoslavie…
Le réseau des anciens
HEC a également facilité mes premières
démarches auprès des entreprises. Et ce
que j'ai appris m'est évidemment utile au quotidien
: les cours de droit pour maîtriser la rédaction
et la supervision des contrats, les cours de marketing
pour comprendre les enjeux et les intérêts
des entreprises lorsqu'on leur propose un partenariat
ou du co-branding avec l’UNICEF… Mais je
dois dire que ce n'est pas évident d'obtenir
un poste dans une agence des Nations Unies, car on est
mis en compétition avec un grand nombre de candidats
qualifiés du monde entier.
Aujourd'hui, le principal défi
que je rencontre dans mon métier c’est
d’essayer de faire se rencontrer les intérêts
et les contraintes de l’UNICEF avec ceux des entreprises,
de savoir être ferme et souple à la fois…
tout l’art de la négociation en quelque
sorte. L’autre défi, c’est de savoir
investir son temps et son énergie dans les bonnes
priorités, rentables pour l’UNICEF."
Mes messages-clefs
"Je conseillerais
à un jeune diplômé de faire une
expérience terrain en France ou à l'étranger
avant de s’engager dans le côté plus
« administratif » du secteur de la solidarité,
en tout cas en ce qui concerne les grandes organisations
dont les programmes sont dans les pays en développement.
L'autre option est d’acquérir des méthodes
de travail et d’organisation dans des entreprises
privées, afin d'apporter ensuite cette expérience
dans des associations du secteur de la solidarité
qui ont besoin d’être encore plus performantes
que les entreprises. En effet, les actionnaires des
associations sont encore plus exigeants puisque ce sont
les bénéficiaires-mêmes des projets.
Dans le cas de l’UNICEF, nos actionnaires sont
les enfants du monde : l’exigence morale vis-à-vis
de ces enfants est très forte et se ressent dans
toutes nos actions."
© Graines de Changement,
Septembre 2007 - Tous droits de reproduction et de diffusion
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