Numéro
34 - Septembre 2007
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web...
et ailleurs
Anita Roddick, fondatrice
de The Body Shop, visionnaire du développement
durable, disparaît trop tôt…
Une fois n’est pas coutume, cette newsletter commence
par une mauvaise nouvelle : la fondatrice de The Body
Shop, l'entreprise pionnière de la responsabilité
sociale, rachetée l'an dernier par L'Oréal,
est morte lundi 10 septembre des suites d'une hémorragie
cérébrale, à 64 ans. C'est une
très triste nouvelle pour tous ceux qui œuvrent,
dans les entreprises et en dehors, pour un monde meilleur
mais aussi pour Graines de Changement, qui doit sa création
il y a 4 ans à un projet de collaboration avec
Anita, à son exemple positif, à sa vision
aussi iconoclaste qu'inspirante.
Connue pour son sens de l'humour, sa pêche et
son activisme, sa révolte permanente contre l'injustice
et sa détermination à changer tout ce
qui peut l'être, Anita Roddick, fille d'une famille
d'émigrants italiens, avait créé
l'entreprise cosmétique The Body Shop en 1976
: elle aimait à dire que c'est parce qu'elle
n'avait pas fait d'école de commerce et qu'elle
ne connaissait pas les règles du monde des affaires
qu'elle les avait changées, radicalement. Ce
faisant, The Body Shop a créé un modèle
unique dont toutes les entreprises responsables se sont,
directement ou indirectement, inspirées - avec
des produits écologiques et équitables
avant l'heure, un engagement éthique pionnier
sur de nombreux sujets comme l'estime de soi, les droits
de l'Homme et le refus de l'expérimentation animale
aux côtés d'ONG comme Greenpeace ou Amnesty
International. Un succès planétaire qui
avait placé Anita à la tête d’une
fortune estimée à 51 millions de livres,
dont elle a toujours dit qu’elle la lèguerait
à des causes, la vocation de l'argent n’étant
pas, selon elle, "‘d'être accumulé
mais au contraire d'être distribué de manière
aussi productive et constructive que possible".
Anita Roddick avait annoncé en début d'année,
un an après avoir vendu son entreprise à
L'Oréal, qu'elle était atteinte d'une
hépatite C compliquée d'une cirrhose du
foie. Cette femme extraordinaire et très généreuse
avait une incroyable énergie, positive et communicative,
dont témoignent tous ceux qui l'ont approchée.
L'équipe de Graines de Changement a eu cette
chance, et Anita va nous manquer. Il reste à
ceux qu'elle a inspirés à poursuivre la
voie qu'elle a tracé vers un monde meilleur…
Pour en savoir plus :
- Redécouvrez l'album
photo d’Anita, mis en ligne à l'occasion
de la publication par Graines de Changement de son autobiographie,
"Corps & Ame", en 2004.
- Téléchargez la préface
qu'Anita avait faite à l'édition française
du livre et aussi la
conversation que nous avions eue avec elle et d'autres
femmes remarquables, en 2006, pour le magazine Canopée.
- Visitez le
site Internet d’Anita et lisez les hommages
écrits par ses filles Justine et Sam, mais aussi
par ceux qui la connaissaient, partout dans le monde.
NAU : l’écologie
et le style sont dans sa nature…
Basée dans l’Oregon, Nau (dont le nom signifie
en Maori "bienvenue !") a été
créée fin 2006 par Eric Reynolds, un entrepreneur
de l’univers outdoor, avec d’anciens responsables
de Patagonia et Nike, dont Chris Van Dyke, un ex de
ces deux entreprises. Leur ambition est double. D’abord,
sortir l’approche environnementale de l’ornière
alternative où elle semble enfermée dans
l’industrie des vêtements de sport, avec
des vêtements "verts" mais aussi chics
et performants - pouvant aussi bien être portés
sur les pistes de trekking (parce qu’ils sont
conçus comme des vêtements techniques)
qu’au bureau ou en ville (parce qu’ils ont
le style urbain et chic). Ensuite, créer une
entreprise intégralement différente, dont
chaque facette ou pratique intègre les considérations
économiques, environnementales et sociales…
dès le départ. Quelques mois et une centaine
de salariés plus tard, Nau a 4 magasins, un site
web actif et des prévisions de ventes de 11 millions
de dollars pour 2007… qui devraient passer à
260 millions et 150 magasins en 2010, si l’on
en croit le business plan de l’entreprise.
Parmi les innovations sur lesquelles compte Nau pour
assurer son succès : la gamme de vêtements
Nau est faite exclusivement en polyester recyclé,
textiles biologiques ou fibres biodégradables
d’origine végétale (PLA), et dont
la composition exclut une liste noire de produits chimiques
interdits car toxiques pour l’environnement et
la santé, qu’il s’agisse de fibres
textiles, de certaines teintures ou couleurs contenant
des métaux lourds, ou encore de produits de finition
; les fournisseurs de Nau sont situés au Portugal,
en Chine, en Thaïlande, en Turquie et à
Hong-Kong, mais pour s’assurer que les pratiques
sociales et environnementales de ses fournisseurs sont
correctes, l’entreprise a mis en place un code
de conduite dont l’application est vérifiée
par l’ONG indépendante Verité ;
ces vêtements, coûtant logiquement 25 à
30% de plus que leurs concurrents, sont vendus dans
des magasins aussi écologiques (leur construction
est certifiée LEED) que technologiques, qui servent
avant tout à essayer et proposent ensuite des
écrans tactiles invitant les clients à
se faire livrer directement leur choix de vêtements
chez eux, avec une réduction de 10% sur le prix
d’achat et des frais d’expédition
offerts, pour inciter les clients à adopter ce
mode d’achat plus écologique… et
surtout plus économique pour l’entreprise
(si la vente en ligne marche bien, Nau pourra se permettre
de construire des magasins moitié plus petits
que ses concurrents, avec moins de stocks et moins de
livraisons dans le pays) ; enfin, 5% des ventes sont
reversées à des causes environnementales
ou sociales choisies par les clients sur les mêmes
bornes interactives ou sur Internet (pour mémoire,
le pionnier du genre Patagonia reverse 1% de ses ventes
et la moyenne des entreprises… 0,047%).
Autant dire que Nau, qui s’affirme comme un Patagonia
de la nouvelle génération, suscite bien
des attentes outre-atlantique, chez les nouveaux "
éco-consommateurs"… comme chez les
experts du marketing vert qui en ont fait un baromètre
de la tendance !
Pour en savoir plus : www.nau.com
et
http://blog.nau.com
(la cuisine à idées… qui se cache
derrière Nau)
Ces
financiers qui accordent du crédit aux banlieues
D’après un récent article du magazine
L’Express, un nombre croissant de fonds d’investissement
se risquent dans les cités, persuadés
d’y trouver un potentiel économique et
un vivier d’entrepreneurs jusqu’ici délaissés.
Parmi ces fonds, on trouve notamment des pionniers venus
d’outre-Atlantique, comme le fonds Urban Investment
Group créé en 2000 par la banque d’affaires
Goldman Sachs, pour favoriser l’accès au
capital-développement des minorités visibles
ou des femmes : au total, 160 millions de dollars ont
déjà été investis par UIG,
pour moitié dans des entreprises créées
par ces populations (financement moyen par projet :
5 à 25 millions de dollars sur 3 à 7 ans)
et pour moitié dans des opérations de
rénovation urbaine. En France aussi, les choses
commencent à bouger, de façon plus modeste
quant aux montants placés : PlaNet Finance, l’organisation
de Jacques Attali, a lancé le fonds FinanCités,
avec la Caisse des Dépôts et HSBC ; des
"business angels" et grands patrons français
(dont Claude Bébéar ou, plus alternatif,
Aziz Senni, self-made man de Mantes-la-Jolie, créateur
d’une entreprise de taxis collectifs) ont créé
BAC (Business Angels des Cités) et Invest Banlieues
pour participer à la création de start-up
dans les cités ; enfin, Laurence Méhaignerie,
co-auteur du rapport sur "Les oubliés de
l’égalité des chances" (publié
en 2004 par l’Institut Montaigne), est en train
de créer le fonds CKFD (Ce capital qu’il
fallait débusquer !), avec là encore la
Caisse des Dépôts ou les Caisses d’épargne.
Et les jeunes pousses ne manquent pas en banlieue, qu’il
s’agisse de secteurs comme les médias "communautaires",
la santé ou encore la restauration rapide La
nouveauté est évidemment que les fonds
ont, le plus souvent, les mêmes exigences qu’avec
leurs clients habituels (UIG a une exigence de rendement
de 20 à 25%) – ce qui est sans doute le
meilleur signe que les entrepreneurs des cités
sont (enfin) pris au sérieux.
Pour en savoir plus : visitez le site du fonds
Urban Investment Group de Goldman Sachs, celui de
FinanCités
créé par PlaNet Finance et enfin celui
des Business
Angels des Cités.
Brésil : la ville de Sao Paulo
interdit l'affichage publicitaire en extérieur
Cette décision
étonnante fait suite à la promulgation
d'une loi, la Clean City Law, visant à combattre
les pollutions de toutes sortes, dont la pollution visuelle.
Dans un contexte où l'on estime que chacun est
exposé chaque jour, dans les pays occidentaux,
à un nombre de messages publicitaires qui varie
entre 1500 et 3000 (logos sur des tee-shirts ou des
camions, annonces presse, affiches dans la rue, messages
à la radio, etc.), tous les panneaux publicitaires,
écrans vidéos, publicités sur les
bus et taxis ainsi que la distribution de tracts publicitaires
ont ainsi déjà été éliminés
dans la ville. Approuvée par plus de 70% des
résidents, cette mesure n'est (sans surprise
!) pas très appréciée par les agences
publicitaires qui considèrent, avec d'autres,
qu'elle risque de décourager les investissements
étrangers et d’affaiblir l'économie
locale (les pertes publicitaires sont estimées
par la presse locale à 133 millions de dollars).
La radio américaine Clear Channel Communications,
qui a pénétré depuis peu le marché
brésilien, a quant à elle lancé
une campagne affirmant que l'affichage extérieur
est nécessaire et fait partie de la culture de
la ville. Cette initiative de Sao Paulo n'est pas sans
rappeler celle des Etats américains du Vermont
et du Maine qui, dès les années 1970,
ont interdit les panneaux publicitaires.
Pour en savoir plus : lisez l'article publié
par le magazine nord-américain Adbusters
sur l'initiative de Sao Paulo.
Graines
de Changement publie la seconde version, enrichie et
mise à jour, de son guide des carrières
du développement durable : "Un métier
pour la planète… et surtout pour moi !"
Alors que 44% des Français disent désormais
tenir compte des engagements de «citoyenneté»
des entreprises lorsqu’ils achètent des
produits, la lame de fond du développement durable
qui déferle sur les entreprises a aussi des conséquences
sur le marché de l'emploi. D'un côté,
le
développement durable change en profondeur les
entreprises, faisant émerger de nouveaux
marchés, créant de nouveaux métiers
et faisant appel à de nouvelles compétences.
De l'autre, il
appelle à une plus grande responsabilisation
de chacun au quotidien et fait émerger un besoin
d'engagement individuel fort : au-delà du développement
de l'économie sociale ou du bénévolat
associatif, des milliers de jeunes diplômés
et de cadres cherchent désormais à mettre
leur vie
professionnelle en accord avec leurs engagements personnels
de militants, de citoyens ou de
consommateurs. 70% des étudiants, et la même
proportion de personnes occupant déjà
un
emploi, disent qu'ils intègreront des critères
éthiques dans leur recherche d'emploi à
venir ou éventuelle.
C'est à eux que s'adresse ce guide, dont la seconde
édition mise à jour et enrichie vient
de paraître pour les accompagner dans leur recherche
d'un emploi qui contribue à changer le monde…
et favorise leur épanouissement : conseils pratiques,
plan d’action, liste des formations proposées
sur le sujet, sélection de sites Internet et
d’autres sources d’information inspirantes,
pistes concrètes pour nourrir son réseau,
acquérir une expérience formatrice, orienter
sa recherche d’emploi selon les secteurs visés
et envoyer des candidatures… Le tout, mis en relief
par quelques mots d'encouragements écrit exprès
par des "parrains" célèbres
(dont Anita Roddick, Martin Hirsch, Yann Arthus-Bertrand,
etc.) et une trentaine de portraits de professionnels
du développement durable (chargé de mission
dans les ONG, entrepreneurs sociaux, architectes, responsables
de développement durable, etc) qui parlent de
leur métier, de leur parcours plus ou moins atypique,
et de leurs motivations.
Pour en savoir plus : téléchargez
l'introduction
du livre et parcourez sur notre site le premier
centre de ressources en-ligne sur les métiers
du développement durable, avec des extraits
du livre, tous les portraits en version longue (et d’autres),
les mots d'encouragement des parrains, des ressources
complémentaires…
ATTENTION
: Graines de changement a proposé en septembre
2007 aux abonnés à sa newsletter de gagner
10 exemplaires de
la seconde édition de "Un métier
pour la planète… et surtout pour moi !
" (Editions Village Mondial).
Face au succès de ces initiatives, nous tentons
de réitérer le principe d'un jeu tous
les mois ! Pour être informé du jeu le
mois prochain, pensez à nous
faire un mail pour vous abonner à la newsletter
si ce n'est pas encore fait, et si vous êtes déjà
abonné, n'attendez pas avant de la lire quand
vous la recevez ! A bientôt...
L’essor des cartes de crédit «
vertes » : une autre façon de consommer
responsable ?
Alors que la «
croissance verte » répand ses bienfaits
sur le monde économique occidental, le secteur
bancaire n’est pas en reste et commence à
s’intéresser de près à la
consommation responsable, en ajoutant une touche de
« vert » à ses cartes de crédit.
Ainsi, Barclay’s Bank vient de lancer une nouvelle
carte de crédit à la consommation, baptisée
« Breathe Card » qui propose à ses
clients, selon les cas, des réductions ou des
taux d’emprunt préférentiels (5,9%
au lieu de 14,9%) sur leurs achats de produits ou services
contribuant à la lutte contre le changement climatique
: billets de train ou de bus (pour encourager la mobilité
douce et les transports en commun), travaux d'isolation
de leur résidence principale, achat d'énergie
verte ou vacances sur le territoire national. Il est
également prévu que 50% des profits réalisés
sur cette offre soient reversés à l’association
PURE, qui investit dans des projets de réduction
des émissions de CO2 partout dans le monde (un
don estimé à 1 million de livres pour
la première année). Une initiative plutôt
intéressante et innovante, même si certains
analystes ont émis des avis mitigés reprochant
à Barclay’s d’encourager l’endettement
en réservant cette offre aux clients qui empruntent
pour financer leurs achats. Notons que cette opération
coïncide par ailleurs avec le lancement à
Londres de la campagne "We're in this together"
rassemblant 8 entreprises dont Barclay’s, mais
aussi B&Q, British Gas, Marks & Spencer, Sky,
Tesco, Royal & Sun Alliance et O2 : l’objectif
est d’aider chaque ménage britannique à
diminuer ses émissions de CO2 d'ici les 3 prochaines
années.
Aux Etats-Unis, des offres similaires se mettent en
place. Suivant les traces de Working Assets, l’entreprise
pionnière des programmes de "fidélisation
solidaire", Wells Fargo vient d’ajouter un
volet « vert » au programme de fidélisation
: à chaque fois que les clients (particuliers
ou entreprises) utilisent leur carte de crédit,
ils accumulent des points qui peuvent être transformés
en un investissement fait pour leur compte dans les
énergies renouvelables, ce qui leur permet de
recevoir un certificat d’économies d’émissions
de CO2. Par exemple, 10 000 points cumulés grâce
aux paiements par la carte permettent de compenser près
de 7 tonnes de CO2, soit les émissions moyennes
d’une famille sur une année. Autre initiative
: celle de Brighter Planet, une nouvelle entreprise
dont la vocation est de proposer des produits et services
neutres en CO2 développés en collaboration
des grandes entreprises ou organisations. Son premier
projet est la Bright Card, une carte de crédit
permettant aux consommateurs d’accumuler des points
qui servent ensuite à financer des projets compensant
les émissions de CO2 liées à leurs
achats. Une idée similaire à celle de
la GreenCardVisa lancée récemment en Hollande.
Enfin, rappelons que le géant du secteur Bank
of America s’est également engagé
à mettre sur le marché, très prochainement,
une carte de crédit « verte »…
Pour en savoir plus : visitez les sites des
initiatives de Barclay’s
Bank, de
Wells Fargo, de Brighter
Planet, de la Green
Card Visa aux Pays-Bas, ou encore lisez l'annonce
faite par Bank of America. Vous pouvez aussi visiter
le site de la campagne anglaise "We're
in this together".
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