Numéro
39 - Octobre/novembre 2008
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web…
et ailleurs
Van
Jones mobilise la croissance verte pour lutter contre
la pauvreté
Aux Etats-Unis, dans les années 50, le mouvement
des droits civiques, emmené par Martin Luther-King,
Rosa Parks et d’autres, s’est battu de toutes
ses forces pour que les Noirs Américains puissent
s’intégrer à l’économie
grise et polluante : les écoles n’étaient
pas écologiques, les bus ne roulaient pas aux
agrocarburants, etc. Aujourd’hui, il est temps
de lui faire aborder une nouvelle étape : les
minorités ethniques, et les populations les plus
pauvres, doivent pouvoir s’intégrer à
la nouvelle économie verte qui émerge
et profiter de la croissance verte dont tout le monde
parle. C’est en tout cas la thèse incroyablement
énergisante et séduisante de Van Jones
: né dans le Tennessee il y a 40 ans, cet avocat
noir - qui a mis ses talents d’orateur passionné
et drôle au service de sa cause - est l’homme
qui monte aux Etats-Unis sur les questions d’insertion
et d’environnement, et vient d’être
sélectionné dans les héros de la
planète du magazine Time. La thèse de
son livre "The green-collar economy",
qui vient de paraître avec une préface
d’Al Gore, est simple : la vague verte doit être
capable de faire avancer le bateau des plus riches et
celui des plus pauvres, dont le désastre de la
Nouvelle-Orléans en 2005 a montré qu’ils
étaient aussi affectés et concernés
par le changement climatique. Mieux encore : les nouvelles
énergies vertes vont créer des millions
d’emplois, ce que confirme un récent rapport
de l’Organisation Internationale du Travail, et
tout doit être fait pour que ces emplois ne soient
pas (comme ceux de l’économie actuelle)
sous-traités dans les pays du Sud mais au contraire
donnés à des jeunes des banlieues les
plus pauvres, qu’il est possible ainsi de sortir
de la misère. Certes diront certains, cela coûte
plus cher de former ces jeunes à l’installation
et à l’entretien de panneaux solaires ou
de toitures végétalisées, à
la collecte et à la valorisation des déchets,
etc. Oui, répond Van Jones, mais dans la nouvelle
économie verte on parle de coût global,
pour mettre en regard l’investissement initial
et les économies qu’il permet de réaliser
à plus long terme – en l’occurrence
ici aussi les bénéfices pour la société
de ne plus avoir ces jeunes dans la rue… Et de
citer, par exemple, le Solar Richmond Project que l’organisation
de Van Jones, Green for all, a initié à
Oakland pour installer des panneaux solaires sur les
logements pauvres, et créer au passage une centaine
d’emplois pour des jeunes. Ou les initiatives
de son alter-égo Majora Carter pour faire du
Bronx un quartier écologique en y installant
des toitures végétalisées, des
zones piétonnes vertes et sûres, des marchés
fermiers, etc. "Si on les forme aujourd’hui
à installer des panneaux solaires, ils seront
managers dans cinq ans et entrepreneurs dans dix ans.
Et certains seront à la pointe de l’innovation
pour faire avancer ce sujet. L’économie
verte a le pouvoir de créer des emplois et de
la richesse pour les plus pauvres – tout en sauvant
la planète. C’est dans l’intérêt
de tous, des petits enfants noirs des banlieues pauvres
aux ours polaires en passant par l’économie
de notre pays", conclut-il.
Pour en savoir plus :
- Le site web de Green
for All, l'ONG créée par Van Jone
- Le site du Solar
Richmond Project, initié par Green for All
à Oakland
- L'article "Majora Carter voit le Bronx en vert"
publié dans notre
newsletter n°26 en septembre 2006
Roule
Ma Frite fait avancer les "bons" agrocarburants
La hausse du
carburant ? Ils s’en moquent… Les 700 adhérents
de l’association Roule Ma Frite, créée
fin 2005 à Marseille, ont trouvé un moyen
de rouler moins cher, et aussi de polluer moins. Comment
? Les huiles de friture usagées sont récoltées
dans les restaurants, puis filtrées et retraitées,
avant d’être vendues 70 centimes d’euro
et même 40 centimes si le client-adhérent
se charge de la récupération de l’huile
de friture. Il suffit ensuite de couper cette huile
recyclée avec du gazole, pour moitié,
pour faire rouler la voiture. Le bilan ? Outre le recyclage
de déchets qui contribuent sinon à boucher
les canalisations et à alourdir notre facture
d’eau, cette approche permet une économie
d’une quinzaine d’euros en moyenne par plein
et une réduction de 50 à 70% de la pollution
par rapport aux gaz d’échappement classiques
(y compris absence de métaux lourds et de gaz
soufrés). "C'est d'abord une alternative
écologique, pas économique", affirme
Catherine Nieuwenhoven, la directrice de l'association
qui après Lyon et Oléron (Charente-Maritime)
compte ouvrir de nouvelles antennes en France. Seul
problème : Roule Ma Frite, qui fait référence
à une directive européenne de 2003 sur
le développement des agrocarburants pour plaider
la légalité de son activité, se
heurte aux réticences des Pouvoirs Publics, sans
doute chagrinés par le manque à gagner
fiscal. Mais la vision de l’association progresse
et ne devrait pas tarder à sortir de l’ornière
alternative où certains voudraient la maintenir
: si l’on n’est pas encore à San-Francisco,
dont le Maire a lancé l’an dernier un grand
programme municipal "Greasecycle" de recyclage
des huiles usagées des restaurants converties
en agrocarburants pour faire tourner les véhicules
municipaux, Veolia Environnement a annoncé mi-octobre
l’ouverture en 2009 de la première usine
française qui recyclera les huiles de friture
du secteur de la restauration, en partenariat avec le
producteur d'huile Lesieur pour récolter les
huiles usagées et certains de ses clients dans
la restauration d’ores et déjà engagés,
comme le groupe Pierre & Vacances.
Pour en savoir plus :
- Le site de l'association
Roule Ma Frite
- Le site du programme Greasecycle
lancé l'an dernier par la Mairie de San-Francisco
La
Green Gym : faites du bien à la nature, elle
vous le rendra…
C’est la nouvelle tendance "fitness"
outre-Manche, qui renoue avec l’époque
où les parents envoyaient leurs enfants au jardin,
pour canaliser leur belle énergie en désherbant
ou tondant le gazon le dimanche. Pour entretenir les
nombreux espaces verts et parcs d’Angleterre,
la Green Gym, créée en 1998 par l’organisation
de protection de l’environnement britannique (British
Trust for Conservation Volunteers), alliée au
corps médical et aux collectivités, mobilise
des bénévoles et les engage dans des activités
de jardinage suffisamment physiques pour que cela représente,
en même temps, un bel exercice sportif –
les courbatures du lendemain en sont la preuve. Les
trois heures de séance hebdomadaire commencent
par des exercices d’échauffement, puis
on ratisse, on plante, on transporte, on débroussaille
et on taille, sans voir le temps passer jusqu’aux
exercices finaux d’étirement et de relaxation.
De 20 à 80 ans, ils sont désormais 10
000 à s’être laissés tenter,
fédérés dans une centaine de groupes
locaux. Enfin, les études le confirment : outre
le bénéfice du rapprochement avec la nature,
la pratique régulière de la Green Gym
jouerait un rôle dans le traitement des dépressions
et de l’anxiété. Le mouvement à
l’air libre stimule le système cardio-vasculaire,
chasse les pensées négatives et renforce
la musculature. Et c’est sans compter le lien
social recréé entre bêcheurs et
défricheurs d’un jour, transpirant ensemble
pour la planète… Le dernier avantage est
économique : la Green Gym est totalement gratuite,
donc pas besoin de salle de sport luxueuse et d’abonnement
hors de prix, et en plus la tenue n’a pas à
être branchée ou dernier-cri - des vêtements
simples et décontractés sont même
vivement conseillés.
Pour en savoir plus, consultez le site web des Green
Gym
Mark Smith fait la promo du train-train
quotidien
En Angleterre,
où il vit, Mark Smith est connu sous le pseudonyme
de "The man in Seat 61" (L'homme du siège
n°61). Grand voyageur devant l’éternel,
Mark était jusqu’à récemment
fonctionnaire du service national des transports, après
avoir été directeur de plusieurs gares
anglaises : désormais, il se consacre désormais
entièrement au le site Internet qu’il a
créé en 2001 (www.seat61.com,
baptisé ainsi en hommage au siège préféré
de Mark Smith dans l’Eurostar) et qui est devenu
LA référence et la source d’information
indépendante et gratuite la plus complète
pour quiconque veut voyage en train (ou en bateau),
dans quasiment tous les pays du monde – qu’il
s’agisse d’aller de Londres à Tokyo
par le Trans-Sibérien et le bateau, ou de rallier
Bangkok à Singapour à moindres frais…
Car Mark Smith voyage, mais uniquement en train –
et son site attire un nombre croissant d’internautes
écolos en quête de voyages sans impact
sur le climat, mais aussi de voyageurs tout court en
quête de conseils pour planifier leur trajet :
en effet, seat61.com couvre des pays comme l’Egypte
où les chemins de fer nationaux n’ont pas
encore de site Internet à l’attention de
leurs clients et donne l’information que les sites
"officiels" ne donnent pas (par exemple des
photos des couchettes des différentes classes
pour la SNCF). Les pages les plus visitées du
site sont celles sur le Trans-Sibérien ou l’Orient-Express,
l’Australie et le Canada, mais aussi la section
"Comment aller de Londres à n’importe
où en Europe". Rien d’étonnant
selon Mark, car il est devenu plus simple de voyager
en train à travers l’Europe que de trouver
l’information pour le faire : la plupart des agences
de voyages ne vendent que des billets d’avion
et des "packages", d’autres se contentent
de vendre des "pass" valables partout en Europe,
les trains comme l’EuroStar ou Thalys ne relient
que quelques capitales entr’elles, mais personne
ne donne le détail des horaires et des tarifs,
ni le mode d’emploi pour voyager en train de l’Angleterre
à l’Italie, de l’Espagne à
la Suisse, de la Grèce à la Russie, voire
du Maroc à la Corse ou d’Ibiza à
Malte (en combinant avec du transport maritime)…
Pour l’anecdote, Smith a pendant des années
mis à jour son site quotidiennement, durant son
trajet de plus d’une heure dans les transports
en commun pour aller au bureau et en revenir, travaillant
à partir de ses propres voyages et de ses recherches,
mais aussi désormais à partir des contributions
que lui envoient ses lecteurs du monde entier. Un travail
payant : le succès du site lui permet désormais
de s'y consacrer à plein temps, et seat61.com
a reçu de nombreuses récompenses dont
celle du Tourisme Responsable attribuée par The
Times et le tour-operator First Choice en 2006, puis
celle du meilleur site Internet de voyage décernée
par The Guardian en 2008… un prix remis à
Fes, au Maroc, où naturellement Mark s’est
rendu en train et en ferry, ce qui lui a permis de compléter
la section du site consacrée à cette région
!
Pour en savoir plus : consultez le site de Mark
Smith www.seat61.com
Epargner
la planète en finançant le bio
Alors que l'offre de produits bio reste insuffisante
par rapport à la demande des consommateurs (en
hausse de 10% par an), le Grenelle de l'environnement
s'est fixé comme objectif pour 2012 le triplement
des surfaces agricoles bio en France (aujourd'hui seulement
2% des terres cultivées respectent le cahier
des charges de l'agriculture biologique),. C’est
pour accélérer ce mouvement que la Foncière
Terre de Liens est née en 2006 du rapprochement
de l'association du même nom et de la société
financière La Nef. Dans un contexte où
la spéculation croissante sur le foncier et la
concurrence effrénée que se livrent les
agriculteurs pour s’agrandir font disparaître
35 000 exploitations tous les ans et freinent l'installation
d'agricultures biologiques, l'objectif est simple :
mobiliser l'épargne citoyenne pour acquérir
des terres et y installer ou y maintenir des porteurs
de projets agri-ruraux respectueux de l'environnement
(les projets financés sont détaillés
sur le site web de Terre de Liens).
Pour augmenter son capital, la Foncière Terre
de Liens a décidé de lancer un appel à
l'épargne publique et de s’allier à
Biocoop, premier réseau de magasins bio en France
pour se rapprocher du consom'acteur. Le premier temps
fort se déroule du 20 au 31 octobre 2008 : les
325 magasins de l’enseigne sensibiliseront leur
clientèle à l'action de la Foncière
en organisant diverses animations, rencontres, débats,
visites de fermes, dégustations... Avis à
ceux qui souhaiteraient souscrire au capital de la Foncière
: l’action Terre de Liens (qui bénéficie
du label Finansol) est à 100 euros, ouvrant droit
à des déductions d'impôt avec l'avantage
"Madelin" (25% de réduction d'impôts
sur le revenu) et la loi Tepa (75% de réduction
de l'ISF).
Pour en savoir plus : consultez le site de Terre
de Liens et celui de Biocoop.
Living Homes démocratise la maison d’architecte
écologique
Enfant, Steve
Glenn adorait jouer aux Lego et voulait être architecte.
En 2005, après que ses études et ses premières
armes professionnelles l’aient conduit à
créer plusieurs entreprises dans les nouvelles
technologies puis à diriger des programmes sur
le Sida en Afrique pour le compte de la Fondation Bill
Clinton, Steve a renoué avec ses projets d’enfance
: il est désormais le patron-fondateur de Living
Homes, une entreprise californienne qui propose des
maisons individuelles et luxueuses dessinées
par des architectes de renom comme Ray Kappe…
mais utilisant la technique du préfabriqué,
ce qui permet d’en réduire les coûts
et d’en accélérer considérablement
la construction. Ainsi la maison-témoin de Living
Homes, qui n’est autre que celle de Steve, est
remplie de Lego et a été montée
en un jour, un peu à la manière du jeu
scandinave : les pièces (salles de bains, cuisine,
etc.) sont assemblées en usine, puis amenées
sur des camions et emboîtées sur une structure
métallique, ce qui évite aussi les déchets
de chantier. Car l’offre Living Homes repose sur
de solides fondations écologiques : ses maisons,
qui ciblent les alter-consommateurs américains
(une cible plutôt aisée et urbaine, qui
roule en Prius et mange bio), affichent la certification
américaine LEED Gold au minimum, avec beaucoup
de bois issu de forêts certifiées, de grandes
baies vitrées pour profiter au maximum de la
lumière du soleil avec une bonne isolation pour
assurer le confort des occupants, des panneaux solaires
et une toiture végétalisée pour
l’isolation du bâtiment, un système
de récupération des eaux de pluie et de
recyclage des eaux usées pour arroser le jardin,
un suivi des consommations d’énergie et
d’eau affichées sur l’ordinateur
familial… Aujourd’hui, les maisons Living
Homes, qui sont personnalisables à l’envie
grâce notamment à un site web très
bien fait, coûtent plus cher que du préfabriqué
classique, généralement peu stylé,
mais évidemment moins cher que des maisons d’architectes
et aussi que des maisons écologiques… tout
en étant les trois à la fois ! Dans le
bureau où travaille son équipe de 12 personnes
(un bureau qui fut celui… des Beach Boys !), Steve
Glenn ne craint pas la crise de l’immobilier :
Living Homes compte à son actif deux maisons
déjà construites, une dizaine en cours
de construction, une dizaine encore en projet auprès
de particuliers ou de promoteurs - et une multitude
de contacts dans de nombreux pays, où les entreprises
du secteur veulent importer le concept de Living Homes.
Pour en savoir plus, explorez le superbe site
internet de
Living Homes et regardez le bref
reportage diffusé par TF1 sur l'entreprise
l'an dernier, lors de la construction de la première
maison.
DES CADEAUX, OUI MAIS
DES CADEAUX RESPONSABLES ! Graines de changement a proposé
à ses abonnés, ce mois-ci, en partenariat
avec les Editions Scali, de gagner dix exemplaires du
livre «Du capitalime à l'écologie
: ma petite philosophie" écrit par
le fondateur visionnaire de Virgin, Richard Branson.
Ce jeu est désormais clos mais vous pouvez
acheter
le livre sur Amazon.fr… Et pensez à
vous
abonner pour être prévenu de la mise
en ligne des prochains numéros et pouvoir faire
partie des premières bonnes réponses sur
des jeux similaires.
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