Numéro
35 - Octobre 2007
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web...
et ailleurs
Ces jardins qui cultivent
la vie
Rien de tel que le contact avec la nature pour transmettre
la vie et apprendre, ou ré-apprendre, à
l’apprécier : c’est la conviction
d’Anne Ribes, fondatrice en 1997, avec son mari,
de l’association Belles Plantes, qui crée
et anime des “jardins guérisseurs”
dans les hôpitaux ou les maisons de retraite.
Infirmière en milieu hospitalier depuis la fin
des années 60, Anne Ribes part un peu plus tard
en famille vivre à la campagne : émerveillée
devant la beauté de la nature, elle reprend des
études de paysagiste. C’est la révélation
: elle décide de concilier ses deux passions
et crée Belles Plantes, avec l’idée
d’implanter dans les hôpitaux des jardins
dont s’occuperont les malades, enfants ou personnes
âgées. Un ami pédopsychiatre à
La Pitié Salpétrière, conquis par
son projet, lui donne un lieu ensoleillé : Anne
y anime des ateliers hebdomadaires de jardinage pour
les enfants autistes. “Le personnel a vu très
vite l’importance de cette activité pour
les enfants, qui se calmaient instantanément,
souriaient, offraient des fleurs à leurs parents
pour la première fois…” Convaincue
que le jardin transmet la force de la vie, Anne a également
créé il y a 5 ans un jardin de 100 m2
à l’Hôpital de Colombes : les platebandes
sont réhaussées pour être accessibles
depuis un fauteuil roulant et les personnes âgées
y jardinent de mars à juin avec les enfants de
la maternelle voisine. Récompensée par
le Prix Henry Ford en 1999 puis le Prix Yves Rocher
en 2002, Anne rêve désormais d’un
réseau d’hôpitaux verts… et
regrette que l’on investisse plus facilement,
en France, sur le bâti que sur la nature.
Pour aller dans son sens, des études américaines
ont montré dans les années 80 que des
patients hospitalisés qui jouissaient de la lumière
naturelle et d’une vue directe sur des arbres
à l’extérieur bénéficiaient
d’un temps d’hospitalisation post-opératoire
plus court, créaient moins de tension avec le
personnel et présentaient moins de complications
mineures à traiter (maux de tête, nausées,
etc.) que les groupes-témoins qui n’avaient
pour leur part qu’une vue sur un mur voisin. Depuis,
les jardins thérapeutiques ont fleuri dans les
hôpitaux outre-Atlantique, comme au Samaritan
Lebanon Community Hospital (Oregon), équipé
d’un jardin jaonais connu par les architectes-paysagistes
de Kurisu International qui se sont spécialisés
sur ces prestations, au centre de cancérologie
du Massachussets General Hospital ou encore au Virginia
Thurston Healing Garden de Harvard.
Pour en savoir plus :
- Le site
Internet de l'association Belles Plantes et “Toucher
la terre – jardiner avec ceux qui souffrent”
d'Anne Ribes, Ed. Medicis, 2005
- La présentation du jardin
du Samaritan Lebanon Community Hospital
- Le cabinet d'architectes-paysagistes Kurisu
International
-
La présentation du
jardin sur le toit du Massachussets General Hospital
Cancer Center
- Le site
Internet du Center for Health Design et celui du
Virginia
Thurston Healing Garden
Le design au service
des plus démunis
Sur les 6,5 milliards de personnes qui vivent sur terre,
près de 90% n'ont pas accès à des
produits et services de base dont nous, qui avons la
chance d’être né du bon côté,
n'imaginons plus comment nous pourrions nous passer.
Et parmi eux 50% n'ont même pas régulièrement
accès à de la nourriture, à de
l'eau potable ou à un toit. Les designers, ingénieurs,
étudiants, professeurs, architectes, entrepreneurs
ont donc un rôle à jouer pour inventer
les solutions et produits qui permettront de venir en
aide aux populations les plus démunies. Une approche
du design responsable pour lequel il ne s'agit plus
uniquement de créer de nouveaux produits plus
respectueux de l'environnement mais avant tout de concevoir
des solutions qui contribuent à améliorer
la qualité de vie du plus grand nombre, et des
plus démunis. C'est donc pour faire connaître
cette autre forme de design, qui ne fait pas la une
des magazines “branchés” et reste
quasi-invisible aux yeux du grand public, que le Cooper-Hewitt
National Design Museum a récemment produit, à
New York, l'exposition "Design for the other 90%".
L'approche des créateurs dont les produits sont
exposés est bien différente de celle du
design tel qu'on le connaît : leur idée
est avant tout de travailler en étroite collaboration
avec les utilisateurs futurs pour inventer des produits
au service des hommes, accessibles aux plus pauvres
- souvent d’ailleurs, la fabrication ou la distribution
de ces produits donne ensuite lieu à la création
de micro-entreprises, qui sont un moyen efficace de
lutter contre la pauvreté. De "LifeStraw"
(une paille permettant de filtrer et de purifier l'eau
avant de la boire) à la bicyclette adaptée
à ceux qui n'ont plus qu'une jambe, en passant
par l’ordinateur à 100 dollars, les liseuses
sans piles, les lampadaires solaires autonomes sans
réseau qui font aussi borne wi-fi, le four solaire,
le Q Drum (un réservoir pouvant contenir 75 litres
d’eau et qui roule sans effort pour celui qui
l’utilise) ou encore le projecteur de microfilms
portatif permettant de contribuer à l'alphabétisation
des adultes, chaque objet a une histoire qui témoigne
de la manière dont le design peut sauver et transformer
des milliers de vies, dans nos pays et partout dans
le monde.
Pour en savoir plus sur l'exposition :
http://other90.cooperhewitt.org/
Etancher
sa soif… sans assoiffer la planète !
Boire au moins 1,5 litres d'eau par jour est essentiel
au bon fonctionnement de notre organisme et pourtant
la consommation d'eau en bouteille est aujourd'hui fortement
controversée dans les pays développés.
En effet, perçues (pas toujours à juste
titre) comme étant plus sûres et de meilleure
qualité, les eaux en bouteille sont de plus en
plus populaires. Leur consommation a doublé,
dans le monde, entre 1997 et 2005, et dans 70% des cas
il s’agit de bouteilles en plastique dont un cinquième
seulement sont recyclées (leur production étant
toujours moins chère que leur recyclage). Au
total, 38 millions de bouteilles en plastiques sont
produites dans le monde chaque année, ce qui
correspond à 1,5 millions de barils de pétrole.
Un gaspillage un peu absurde : il est désormais
reconnu que, sauf cas ponctuels de contamination, l'eau
du robinet est d'aussi bonne qualité que l'eau
en bouteille (pour ceux qui ont la chance de l’avoir,
puisqu’un quart des gens sur la planète
n'a pas accès à l'eau potable. et On voit
donc doucement apparaître une certaine prise de
conscience sur le sujet mis en lumière récemment
avec les scandales des marques Aquafina et Dasani, forcées
de reconnaître que leurs bouteilles étaient
remplies par de l'eau provenant des réseaux municipaux
de distribution !
Le premier à prendre position sur le sujet fut
le nouveau maire de San Francisco qui s'est rapidement
emparé du problème en interdisant, depuis
le 1er juillet dernier, l'achat par les services municipaux
d’eau en bouteille pour l'ensemble des bureaux
de la ville et du comté (voir newsletter
n°33 de juin 2007). Cette mesure devrait faire
économiser 500 000 $ par an, tout en luttant
contre la consommation de ressources non-renouvelables,
les émissions de CO2 (notamment liées
au transport) et la production de déchets liés
au plastique. Depuis, son action a fait des émules
dans le pays, notamment à New York et Chicago
où un conseiller municipal a proposé récemment
une taxe de 10 à 25% sur les bouteilles en plastiques
pour financer les 40 millions de déficits du
système de distribution et le traitement de l'eau
de la ville.
A San Francisco, certains restaurants ont pris le relais
de la politique municipale et commencé à
bannir l'eau en bouteille de leur carte. Le cas le plus
médiatique est celui du chic et fameux restaurant
Chez
Panisse à Berkeley, que son engagement historique
pour l’environnement a poussé récemment
à ne plus servir que de l'eau du robinet filtrée
et gazéifiée (pour ceux qui souhaitent
accompagner leur repas d'eau gazeuse). Une initiative
pas exactement anodine pour un restaurant qui vendait
jusqu'à 25 000 bouteilles d'eau minérale
par an (avec un bénéfice de 100 000 dollars).
Dans le secteur privé, d'autres entreprises profitent
de cette prise de conscience et tentent d'apporter des
solutions. C'est le cas par exemple de Brita qui vient
de lancer en partenariat avec Nalgene (une marque de
gourde) la campagne “Filter for Good” incitant
le grand public à ne plus consommer de l'eau
minérale, tout en levant des fonds pour l'association
Blue Planet Run Foundation qui travaille à l'alimentation
en eau potable de 200 millions de personnes d'ici à
2027. Ainsi pour chaque bouteille Nalgene achetée
dans le cadre de ce partenariat, 4 dollars sont reversés
à la fondation. Autre exemple : celui de Belu,
une jeune entreprise d'eau minérale britannique
qui compte parmi ses soutiens actifs Gordon Roddick,
co-fondateur de The Body Shop. Belu la première
bouteille en bio-plastique compostable, investit dans
l'énergie renouvelable pour compenser ses émissions
de CO2 et reverse tous ses profits à des projets
de purification de l'eau partout dans le monde : création
de puits et de pompes à main pour alimenter un
village de 10 000 habitants au Tamil Nadu, nettoyage
des cours d'eau et rivière en Angleterre (45
tonnes de sacs plastiques ramassés chaque année),
partenariat avec WaterAid au Mali pour faciliter l'accès
à l'eau potable de la population, etc. Signalons
enfin, dans le même esprit, l’eau américaine
Ethos, dont les profits servent à financer des
programmes d’accès à l’eau
potable dans les pays du Sud, se développe rapidement
en Amérique du Nord grâce au soutien du
réseau Starbucks, qui a racheté l’entreprise
en 2005, après un premier coup de pouce en 2004
de l’investisseur Pierre Omidyar, fondateur d’eBay.
Pour en savoir plus :
www.chezpanisse.com
www.FilterForGood.com
www.belu.org
www.ethoswater.com
Le premier label musical éthique
et participatif voit le jour
Création d’une
relation directe entre le public et les artistes, transparence
des relations et équité de la rémunération
des artistes : le label “éthique et participatif”
Reshape-music s'inspire des principes du commerce équitable
en s’adressant aux amateurs de musique indépendante.
Pour la première fois en Europe, depuis un an,
les internautes peuvent fixer eux-mêmes le prix
d'achat de la musique qu'ils souhaitent télécharger
directement sur le site, lequel propose naturellement
des musiques exclusives. Objectif : ne plus considérer
l’artiste comme un “produit marketing”
mais le remettre au cœur du processus pour le rémunérer
plus équitablement en lui reversant directement
50% des ventes réalisées (CD ou téléchargement)…
et non plus 3% comme dans le système classique.
Concrètement, une échelle de prix propose
au consommateur un prix d'achat "optimal",
qui correspond à une situation d'équilibre
entre l'acheteur et le vendeur, puis indique le prix
moyen payé par les internautes pour cette musique,
lui permettant ainsi d'apprécier la popularité
de chaque artiste. Naturellement, la bonne nouvelle
est qu’au final, le prix payé par les internautes
se situe bien souvent au-delà du prix d'équilibre.
Ce faisant, Reshape-music s’inscrit en rupture
avec la “marchandisation” tant dénoncée
des produits culturels et propose une alternative concrète
et positive aux systèmes de distribution actuels
avec “une filière indépendante et
repensée” comme le disent les initiateurs
du label lillois. Car le site Internet est aussi un
formidable outil pour promouvoir les artistes (du côté
du label : diffusion vidéo et audio en podcasting,
un blog dédié par artiste et la possibilité
pour les internautes de suivre leurs actualités
via des flux RSS) ou pour faire découvrir ses
artistes préférés (du côté
du public).
Pour en savoir plus : www.reshape-music.com
Le
marché du skate aborde l’écologie
comme sur des roulettes !
Il se passe visiblement quelque chose dans l’industrie
du skateboard : après la création de l’ASEC
(Action Sports Environmental Council) par le champion
de skate Bob Burnquist et les rampes en bois certifié
FSC des X Games en 2004, une vague verte semble déferler
sur le béton et dans ces univers où l’on
entendait rarement parler d’environnement, une
poignée de fabricants se spécialise progressivement
sur la production de planches écologiques : ainsi
le bambou remplace progressivement l’érable
dans la fabrication des planches chez Lush Longboards
ou Sector 9 (qui a aussi une ligne textile en coton
biologique), cependant que les process de fabrication
deviennent globalement écologiques chez les Californiens
de Comet Skateboards (la marque utilise du bambou ou
du bois certifié FSC, de la colle et des résines
à base d'eau) mais aussi de Habitat Skateboards
(qui, non contente d’utiliser le bambou et le
chanvre pour ses planches, crée des skates “partage”
dont une partie des profits est reversée à
des causes) et d’Arbor Sports (une marque qui
fait aussi des snowboards et des vêtements en
bambou ou coton bio). Pour ce qui concerne les chaussures,
le marché évolue rapidement et une offre
de chaussures de skate plus écologiques apparaît.
L’un des leaders de ce mouvement est le Français
Pierre-André Sénizergues, ancien champion
du monde de skate installé en Californie et patron
de l'entreprise Sole Technologies qui possède
plusieurs marques de chaussures de skate (Etnies, éS
ou Emerica…), dont il dit que leur résistance
et leur durabilité est leur première vertu
écologique (une chaussure de skate dure 4 à
5 fois plus longtemps qu’une chaussure de sport
classique) : siège social californien en bois
et pierre recyclés recouvert de panneaux solaires,
réunions avec ses fournisseurs chinois sur le
changement climatique, fabrication à base de
caoutchouc naturel et de colle sans solvants toxiques
pour les ouvriers, convention “verte” tous
les six mois avec ses 400 salariés, emballages
recyclés, nouvelle gamme Seed en chanvre, bambou
et autres matériaux écologiques…
Loin de s’en contenter, il veut désormais
en faire des marques à “zéro impact”
sur l’environnement, tout en inspirant ses clients
adolescents qui “forgent leurs valeurs à
partir des athlètes et des marques qu’ils
admirent". IPath, une autre marque de chaussures
de skate (récemment rachetée par Timberland),
propose plusieurs modèles en éco-matériaux
: chanvre, coton bio, matériaux recyclés,
etc. De son côté, la marque Simple Shoes,
qui a commencé en faisant des chaussures de skate,
propose désormais des “éco-chaussures”
à base de bouteilles en plastiques recyclées,
de coton biologique, de bambou, de crêpe, de toile
de jute, de pneus recyclés et de colle à
base d’eau.
Pour en savoir plus :
www.asecaction.org
www.lushlongboards.com
www.sector9.com
www.cometskateboards.com
www.habitatskateboards.com
www.arborsports.com
www.soletechnology.com
http://etniesculture.com/seed/
www.ipath.com
www.simpleshoes.com
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