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Numéro 12- Février 2005
Notre revue mensuelle de l'information positive sur le web… et ailleurs

Roundabout : un tourniquet qui tourne pour la planète…
Créé en 1997, Roundabout Outdoor est un projet si original qu’il ne lui a suffi que de quelques années pour être reconnu internationalement comme l’une des solutions les plus innovantes jamais trouvées aux problèmes d’eau pure et de santé dans les pays du Sud.
Partenariat avec le Ministère de l’Eau et des Forêts sud-africain en 1999, prix du développement dans le secteur privé remis par la Banque Mondiale en 2000, soutien de fondations privées comme la Kaiser Family Foundation ou encore ClearWater Project aux Etats-Unis, ou encore Prix de «L’investissement pour le futu» remis par The Guardian en 2003 : un succès mérité pour ce petit tourniquet de jeu pour enfants, conçu pour les zones rurales isolées et qui utilise l’énergie de la rotation pour pomper de l’eau pure dans les nappes souterraines. La «Play-Pump» de Roundabout est une alternative efficace, économique et écologique aux pompes manuelles ou électriques. Mais aussi une alternative ludique à la pénibilité de la tâche des femmes et des enfants, qui doivent quotidiennement, dans certains pays, marcher plusieurs heures pour aller chercher de l’eau - ce qui les prive du temps nécessaire pour l’éducation et la formation professionnelle qui leur permettraient de construire leur avenir. Concrètement, la «Play-Pump», dont le mécanisme est breveté, peut fournir 1400 litres par heure et pomper de l’eau jusqu’à 100 mètres de profondeur – une performance qui la rend beaucoup plus efficace qu’une pompe manuelle par exemple. Et l’avantage est qu’il n’est pas difficile de trouver des « volontaires » pour actionner la pompe ! Pendant que les enfants jouent, l’eau est pompée et stockée dans un réservoir voisin de 2 500 litres, situé sur une petite tour à 7 mètres au-dessus du sol. Un simple robinet assure l’accessibilité de l’eau aux mères et aux enfants. Autre innovation : le réservoir carré sert de support à 4 panneaux d’affichage publicitaires de 2 mètres sur 3. Deux de ces panneaux sont réservés à la publicité et assurent l’autofinancement du système et de son entretien, et les deux autres sont systématiquement utilisés, sur l’ensemble des installations, pour diffuser des informations de santé publique, le plus souvent sur la prévention du SIDA auprès des populations rurales peu touchées par les autres canaux de diffusion des messages de prévention. Roundabout assure la maintenance générale du site et forme, sur chaque projet, les populations locales à l’entretien préventif du système et aux réparations simples à mettre en œuvre.
400 tourniquets ont été installés à ce jour dans le pays, la plupart du temps dans des écoles primaires. Une progression encourageante et des perspectives réjouissantes, donc, dans un contexte où les ONG travaillant sur les questions de développement et d’accès à l’eau critiquent de plus en plus les gros projets des multinationales, leur préférant des solutions locales et à petite échelle…
Pour en savoir plus : www.roundabout.co.za

Natura, marque de cosmétique brésilienne et engagée, se lance à Paris
Natura, créée en 1969 au Brésil est, aujourd’hui dans le monde, l’une des marques de cosmétiques phares de l’engagement social et environnemental. Avec des produits conçus en étroite collaboration avec les communautés traditionnelles brésiliennes, Natura souhaitent valoriser leur savoir faire, contribuer à leur développement et protéger la richesse de la biodiversité de la forêt amazonienne. Dans son fonctionnement également, Natura tente d’incarner le respect de l’environnement et des hommes. Par exemple, sur son site de production, à Cajamar, l’entreprise a ouvert des crèches et installés des équipements sportifs pour ses employés. Mais Natura a également lancé un programme éducatif, Crer para Ver, qui vise à améliorer l’enseignement au Brésil (en 2003, ce programme a permis d’investir 710 000 euros au profit de 3 600 écoles publiques). Forte de son succès au Brésil, la marque se lance désormais en France avec une boutique parisienne, où elle proposera sa gamme de produits Ekos fabriqués à partir d’ingrédients naturels de la forêt tropicale, conditionnés dans des emballages recyclables et biodégradables en 28 jours.
Pour en savoir plus : www.naturaekos.com

La simplicité volontaire : une alternative à la spirale infernale de la surconsommation et du surendettement !
Les impacts négatifs de notre société de consommation sont connus. Au niveau global tout d’abord : avec en tête des problèmes l’épuisement des ressources naturelles et des écosystèmes (nous avons consommé en 30 ans un tiers des ressources naturelles de la planète) mais aussi l’impossibilité de généraliser nos modes de vie à l’ensemble de la population mondiale (il faudrait 3 planètes pour faire face à nos besoins si tout le monde consommait comme un Français). Mais aussi au niveau individuel : surconsommation, frustration permanente et stress entretenus par la publicité qui nous fait sans cesse miroiter des produits « nouveaux et meilleurs », surendettement et suralimentation (l’obésité touche désormais 5 à 10% de la population mondiale – un chiffre multiplié par 3 depuis 1980). Rien d’étonnant, dans ce contexte, que le mouvement pour la « simplicité volontaire » rencontre un succès croissant. De quoi s’agit-il ? Né aux Etats-Unis dans les années 1980, il invite tout simplement à travailler moins, à gagner moins, et à dépenser peu … pour mieux vivre ! Ses promoteurs Joe Dominguez et Vicki Robin ont même publié un best-seller intitulé «Your money or your life» (votre agent ou votre vie) qui est un guide pratique pour réduire sa dépendance à l’argent en quelques années ! Tout cela, à partir de l’idée simple et quasi-métaphysique de préserver «l’énergie vitale», un concept lancé par l’économiste du M.I.T., Lester Thurow.En résumé, chaque chose que nous achetons représente du temps et du travail, autant dire de l’énergie vitale, qui n’est pas inépuisable et s’appauvrit à chaque dépense !
Une stratégie gagnante, comme le prouvent Robin et Dominguez qui appliquent leur stratégie envivant depuis plusieurs années avec moins de 8000 dollars par an chacun. Ils ont appris à réparer eux-mêmes leur voiture, à cultiver des légumes dans leur jardin, à comparer les tarifs des hôpitaux lorsqu’ils ont besoin de soins médicaux. Résultat : ils peuvent encore à la fin du mois payer des leçons d’aïkido ou du kayak… et ont même de quoi faire des économies ! “Au fond, disent-ils, nous enseignons ce que nos grands-parents savaient déjà : il ne faut pas vivre au-dessus de ses moyens”.
Une leçon qui s’est perdue dans l’abstraction des cartes de crédit mais qui semble désormais trouver un nouvel auditoire. La preuve : le succès planétaire de la Journée sans Achats, lancée il y a 15 ans par l’ONG militante Adbusters au Canada, et qui se déroule juste avant la période des achats de Noël, propice à la surconsommation (une étude récente à montré que 70% des Américains souhaiteraient dépenser et consommer moins à cette période). Mais aussi la montée en puissance des “alter-consommateurs”, 15 à 25% de la population qui prend de la distance face aux sollicitations permanentes de notre société de consommation. Une bonne nouvelle pour la planète et pour notre santé mentale !
Pour en savoir plus :
Sur l’action de Vicki Robin et Joe Dominguez : www.simpleliving.net
Sur la Journée sans Achats (Buy Nothing Day) : www.adbusters.org et, en France, le site de de l’association militante alter-mondialiste Casseurs de Pub : www.ladecroissance.net
Sur les alter-consommateurs, un article paru dans Le Monde en juillet 2004

Dove reprend le flambeau de la lutte contre la tyrannie de la “beauté parfaite”
Les effets de la tyrannie, insidieuse et inhumaine, des stéréotypes de beauté véhiculés par les médias et les géants de la mode ou de la cosmétique sont connus : défaut d’estime de soi (une étude internationale a montré que seules 13% des femmes sont satisfaites de leur beauté, de leur silhouette et de leur poids), dépression et autres troubles graves du comportement alimentaire, qui frappent d’ailleurs avant tout les top-models. Et la lutte contre ces stéréotypes n’est pas nouvelle : l’enseigne cosmétique pionnière The Body Shop avait mené une campagne légendaire sur l’estime de soi, mettant en scène avec une poupée aux formes généreuses, réalisée à partir des mensurations moyennes des femmes du monde, avec pour slogan “8 femmes sont des top-models, 3 milliards n'en sont pas". Dans la foulée, les marques textiles Mexx (avec sa campagne mettant en scène des "role models" - des modèles de comportement , personnages exemplaires parfois handicapés – plutôt que des top models) ou Benetton (avec une campagne mettant en scène les enfants handicapés mentaux d’un institut autrichien) avaient voulu proposer une alternative à la « beauté parfaite et irréelle » véhiculée par les médias et les publicités. Une façon de faire écho au précepte dadaïste que citait d’ailleurs à cette occasion Oliviero Toscani, photographe et concepteur des campagnes Benetton : “les idiots ne voient le beau que dans les belles choses".
Après une première campagne publicitaire innovante pour un programme raffermissant qui mettait en scène des femmes aux formes arrondies durant l’été 2004, c’est désormais Dove qui reprend ce flambeau avec une campagne internationale « pour la vraie beauté » : la nouveauté est que pour la première fois, ces campagnes se sont plus signées par une entreprise alternative mais par une marque- leader appartenant à l'un des premiers groupes d’hygiène-beauté au monde, Unilever. “The Campaign for Real Beauty” oppose donc aux stéréotypes « classiques » de beauté que sont la jeunesse, la minceur, les traits symétriques et lisses des images de femmes différentes et belles parce que bien dans leur peau : on découvre ainsi Irene Sinclar, 96 ans, qui affiche en souriant la sérénité de son âge ; ou Tabatha Roman, 34 ans, porte ses formes généreuses aussi fièrement qu’Esther Poyer, 35 ans, affiche sa poitrine discrète ; et encore, parmi d’autres, Leah Sheehan, 22 ans, constellée de tâches de rousseur. Le signe positif qu’il se passe enfin quelque chose d’autre dans l’industrie cosmétique que de nouveaux produits “avec de nouveaux actifs encore plus efficaces contre l’âge ou les rondeurs”.
Pour en savoir plus : www.campaignforrealbeauty.com

et dès le 8 mars 2005, à l'occasion de la journée de la Femme : www.pourtouteslesbeautes.com

Des indicateurs de progrès non exclusivement monétaires prennent en compte tous les aspects du développement humain
Et si les valeurs occidentales, notamment celles du développement, étaient justement celles à remettre en question pour résoudre les problèmes du monde contemporain ? Cette hypothèse
est celle d’un nombre croissant d’individus qui réfléchissent au développement durable. L’idée est au fond assez simple et elle est remarquablement résumée par ces propos d’Edgar Morin : « le développement ignore ce qui n'est ni calculable ni mesurable, c'est-à-dire la vie, la souffrance, la joie, l'amour, et sa seule mesure de satisfaction est dans la croissance (de la production, de la productivité, du revenu monétaire…). Conçu uniquement en termes quantitatifs, il ignore les qualités de l'existence, les qualités de solidarité, les qualités du milieu, la qualité de la vie, les richesses humaines non calculables et non monnayables ; il ignore le don, la magnanimité, l'honneur, la conscience… Sa démarche balaie les trésors culturels et les connaissances des civilisations archaïques et traditionnelles. » Une attaque en règle, donc, pour commencer, contre le sacro-saint PIB ou PNB, pourtant utilisé universellement pour indiquer le niveau de de bien-être d’une nation. L’idée que cet indicateur, qui mesure les flux monétaires, ne suffit pas à apprécier le niveau de développement d’un pays, et que l’on ne peut pas considérer l’augmentation des dépenses et de la consommation comme un indice unique de progrès, est de plus en plus répandue. Certains, comme Edgar Cahn, fondateur du Time Dollar Institute, soulignent ainsi que l’augmentation de la criminalité qui nécessite la construction de prisons est un facteur de croissance économique et de progrès du PNB mais pas forcément un signe de progrès social. D’autres comme Kalle Lasn, le fondateur de l’ONG canadienne Adbusters, rappellent que des catastrophes comme le naufrage de l’Exxon Valdez en Alaska ou la Guerre du Golfe eurent pour conséquence une augmentation des dépenses et du PNB Américain.
Du coup, les travaux se multiplient pour proposer des alternatives globales prenant en compte la croissance économique mais aussi d’autres critères, tantôt positifs comme la santé des communautés, tantôt négatifs comme la pollution, la criminalité ou le taux de divorce. Les travaux les plus intéressants dans ce sens sont d’abord ceux du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) qui a développé en 1990 le “Human Development Index” en prenant en compte le PIB mais aussi l’espérance de vie à la naissance, le taux d’alphabétisation, le taux de scolarisation et le PIB. On notera aussi l’existence des indicateurs globaux de la qualité de la vie imaginés par la prospectiviste Hazel Henderson et l’organisme financier américain Calvert Group, prenant en compte des aspects aussi variés que l’éducation, l’emploi, la santé, les droits de l’Homme, l’accès au logement ou même… au divertissement ! Enfin l’organisation américaine Redefining Progress a développé, en 1999, un “Genuine Progress Indicator” (GPI) prenant en compte la création de richesses mais aussi leur répartition, le volontariat, la pollution et la destruction du capital naturel, les dégâts environnementaux long terme comme le changement climatique, les dépenses de “défense” (factures médicales liées aux accidents de la route, filtres à eau), etc. A noter : l’analyse du GPI depuis 1950 fait apparaître une stagnation aux USA… relativisant le progrès du PIB sur la même période !
Pour en savoir plus :
www.undp.org
www.calvert-henderson.com
www.redefiningprogress.org

En France, l'Institut français de l'environnement (Ifen) a fait en 2002 des "propositions d'indicateurs de développement durable pour la France" : www.ifen.fr




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