Numéro 14 - Avril 2005
Notre
revue mensuelle de l'information positive sur le web…
et ailleurs
Enterprise Foundation
: un promoteur immobilier qui défend le droit
au logement
L’Enterprise Foundation, basée à
Baltimore, a été créée en
1982 par Jim Rouse, l’un des plus gros promoteurs
immobiliers aux Etats-Unis qui, après avoir bâti
une fortune considérable en développant
des centres commerciaux, décida avec son épouse
de mettre son argent au service des plus démunis
et de ceux qui, justement, n’ont pas de logement.
Jim Rouse, qui avait fait partie des différents
comités nationaux pour le logement aux côtés
des Présidents Eisenhower et Reagan, est décédé
en 1996 mais son épouse Patty est toujours vice-présidente
et secrétaire générale d’Enterprise
Foundation, dont la mission est d’aider ceux qui
sont tout au bas de l’échelle sociale à
rénover des immeubles et à devenir locataires
ou propriétaires. En 20 ans, Enterprise a ainsi
financé 144 000 logements pour les plus pauvres.
Le logement est le premier pas vers la réinsertion
: ces familles peuvent ensuite envoyer leurs enfants
à l’école, apprendre un métier,
traiter leurs problèmes de santé. «
Lorsque Rouse a créé la fondation »,
raconte l’actuel président Bart Harvey,
un ex-banquier de Wall Street, diplômé
de Harvard, qui est entré là il y a vingt
ans pour un congé sabbatique de six mois,
« il voulait non seulement aider les pauvres mais
résoudre ce problème structurel d’absence
de logements. Un objectif qui demande de vrais moyens
d’actions… » En 20 ans, Harvey
et son équipe ont donc levé plus de 6
milliards de dollars. « Et nous voulons maintenant
lever encore 5 milliards mais en quatre fois moins de
temps. » De quoi financer les projets les
plus ambitieux de la Fondation, comme « green
communities », dont l’objectif est de construire
8 500 maisons écologiques en 5 ans pour des familles
à bas revenus.
Pour en savoir plus : www.enterprisefoundation.org
Max Havelaar labellise
le coton équitable
A l'heure où l'OMC condamne les Etats-Unis, suite
à une plainte du Brésil, à modifier
ses pratiques de subventions massives aux producteurs
de coton, l'association Max Havelaar vient de lancer
sa première filière non alimentaire :
le coton équitable. Ce coton, qui garantit une
rémunération décente aux producteurs,
doit répondre à des normes de qualité
parmi lesquelles figurent aussi l’interdiction
d'achat de semences OGM et l’agriculture raisonnée
- rappelons que les cultures de coton représentent
moins de 8% des surfaces cultivées dans le monde
mais qu'elles consomment à elles seules 24% du
total des pesticides et insecticides agricoles. Max
Havelaar a choisi d'orienter sa stratégie commerciale
vers des produits dont la fabrication suit une chaîne
de production relativement courte et dont les ventes
sont importantes en volume : tee-shirts, chaussettes,linge
de maison, cotons-tiges, etc. Les produits plus complexes
dits "en chaîne et trame", comme les
jeans ou les chemises, seront développés
dans un second temps.
Dès le lancement, plusieurs marques françaises
ont répondu à l'appel : le fabricant de
chaussettes Kindy, le distributeur de vêtements
par correspondance La Redoute (marques Active Wear et
Soft Grey), le fabricant textile breton Armor Lux, la
société de produits d'hygiène en
coton Hydra (marque Bocoton), la marque de prêt-à-porter
pour hommes Celio, le fabricant de linge de maison Hacot
et Colombier, le fabricant de vêtements de sport
Eider. Cora, à travers sa marque Influx et TDV
industries (tissu pour vêtements de travail) a
également acquis une licence Max Havelaar. Un
vrai succès : l’association, qui tablait
sur des prévisions de 500 tonnes de fibres de
coton vendues en 2005, en a d'ores et déjà
écoulé 700 tonnes. Pour 2005/2006, ce
sont donc 20 000 producteurs d'Afrique de l'Ouest (Mali,
Sénégal, Cameroun et prochainement Burkina
Faso) qui devraient bénéficier d'un prix
d'achat de leur coton supérieur au prix du marché
et de primes au développement. Rappelons que
le coton est l'une des trois principales matières
premières exportées par le continent africain.
Soutenu par le Ministère des Affaires Etrangères
français et par l'Union Européenne, ce
projet s’annonce donc sous les meilleurs auspices
: au-delà de la seule matière première,
Max Havelaar envisage également dans quelques
années de certifier les fileurs de coton, les
tisseurs et les entreprises de confection – une
autre étape dans la chaîne de fabrication
où les garanties sociales sont les bienvenues.
Pour en savoir plus, consultez le
site internet de Max Havelaar
Et sur les enjeux liés à la culture du
coton : www.organiccottondirectory.net
«
1% For The Planet » : des entreprises américaines
s’engagent à verser une taxe volontaire
pour la Terre…
L’opération « 1% For The Planet »
a été lancée il y a plus de dix
ans à l’initiative d’Yvon Chouinard,
surfeur et alpiniste de renom, militant écologiste
de longue date et fondateur d’une entreprise pionnière
en matière de développement durable :
le fabriquant de vêtements de sports outdoor californien
Patagonia. L’idée était simple mais
audacieuse : créer un « club » d’entreprises
prêtes à donner chaque année 1%
de leur chiffre d’affaires à des causes
environnementales. Il faut dire qu’Yvon Chouinard
a pu vérifier sur sa propre entreprise les vertus
de cette générosité : Patagonia
distribue en effet chaque année depuis 1985 une
contribution financière exceptionnellement haute
(10% de ses profits avant impôts ou 1% de son
chiffre d’affaires, en s’alignant à
chaque fois sur le chiffre le plus élevé),
ce qui ne l’a pas empêché de devenir
l’une des entreprises les plus solides de son
marché – fondant la différence de
sa marque et la fidélité de ses clients
sur ses engagements responsables. Depuis 1985, Patagonia
a ainsi distribué plus de 19 millions de dollars
à des organisations luttant contre la crise écologique
partout dans le monde ; pour Yvon Chouinard, cette contribution
est une « taxe volontaire pour laTerre »,
par laquelle l’entreprise contribue très
directement à préserver les ressources
naturelles qu’elle utilise pour fabriquer ses
produits.
Lors du lancement de « 1% for the Planet »
en novembre 2001, ce club un peu spécial comptait
vingt-et-une entreprises américaines, principalement
locales et de petite taille, dans des secteurs aussi
variés que le sport, les vêtements, la
santé, l’agro-alimentaire, le vin, le café,
etc. Il en compte aujourd’hui cinquante, avec
l’adhésion le mois dernier du musicien
et réalisateur de cinéma Jack Johnson,
dont le travail s’appuie sur une maison de disques,
Brushfire Records, et sur une maison de production cinématographique,
The Moonshine Conspiracy. En échange de leur
engagement, les entreprises-membres peuvent afficher
le logo « 1% for the Planet » dont Yvon
Chouinard affirme qu’il permet aux consommateurs
de distinguer les entreprises réellement engagées
sur l’environnement de celles qui se contentent
d’afficher un discours sans fondement.
Pour en savoir plus : www.onepercentfortheplanet.org
Les « éco-lodges » : des
retraites en pleine nature à la pointe de l’écotourisme
Tout le monde a vu au moins une fois en vacances dans
un hôtel des distributeurs de savon remplacer
les savonnettes qui étaient auparavant jetées
à peine consommées, une carte permettant
à la fois d’ouvrir la porte et d’allumer
la lumière de sorte que la chambre ne reste pas
éclairée lorsqu’elle est vide, ou
encore une affichette signalant au client que les serviettes
de bain ne sont plus changées quotidiennement
mais seulement s’il les place par terre pour le
demander… On le sait, les impacts environnementaux
(et sociaux) du tourisme sont considérables (consommations
d'eau et d'énergie, émissions de CO2 liées
au transport aérien notamment, impact sur la
biodiversité et les paysages, influence sur l’économie
et la culture locales, etc). Rien d’étonnant
dès lors à ce que de plus en plus d'hôtels
commencent à sensibiliser leurs visiteurs aux
gestes simples pour l'environnement (qui sont aussi
des sources significatives d’économies),
cependant que les voyagistes développent des
produits de tourisme solidaire ou d'éco-tourisme.
C'est à la pointe de toutes ces tendances que
se situent les « éco-lodges ». De
l’Angleterre au Sri-Lanka en passant par l’Egypte,
le Canada ou le Costa-Rica, ces structures d'accueil
touristiques (hôtels, bungalows, etc), sont parfois
luxueuses, souvent situées en pleine nature sauvage
ou protégée, et affichent toujours des
pratiques environnementales et sociales d’avant-garde
: énergie solaire, architecture écologique
privilégiant les matériaux naturels, compostage
des déchets, priorité à l’emploi
local et aux achats locaux notamment pour la nourriture,
système naturel de traitement des eaux usées,
récupération des eaux de pluie pour les
toilettes, don d’un pourcentage de la recette
à des associations locales, restaurant servant
de la nourriture biologique, séjour orienté
sur le bien-être et les activités de découverte
de l’environnement, etc.
Mais attention : parce qu’elle fait vendre, l’étiquette
d’éco-lodge semble parfois aussi utilisée
par quelques sites touristiques qui cherchent avant
tout à surfer sur la tendance, sans pour autant
offrir un produit avec une réelle valeur ajoutée
« responsable ». Alors comment juger de
la sincérité de la démarche ? Voici
quelques points auxquels il convient d’être
attentif, selon le site spécialisé responsibletravel.com
: l’existence d’une politique environnementale
écrite de l’établissement, la façon
dont est mesurée la contribution du site à
la protection du patrimoine naturel et culturel, la
façon dont sont traitées les eaux usées
et dont sont chauffés les bâtiments, la
façon dont les communautés locales sont
inclues dans son développement (par exemple :
part de produits et services achetés à
moins de 25 kilomètres alentours, place réservée
aux populations locales parmi les employés et
les guides touristiques, etc.). Naturellement, si vous
ne vous sentez pas l’âme d’un auditeur
environnemental en vacances, ne renoncez pas pour autant
à séjourner dans un éco-lodge :
fiez-vous à votre intuition, posez des questions
sur ce qui vous importe ou vous intrigue, faites attention
aux détails révélateurs de l’engagement
et profitez du dépaysement !
Le magazine de
tourisme Budget Travel a sélectionné les
meilleurs « éco-lodges » au monde
: binnaburralodge.com.au,
ecoclub.com/ranweli,
selvaverde.com,
chalalan.com,
awaroalodge.co.nz,
fijibudget.com, basmahotel.com,
coconut-court.com,
cumbriahouse.co.uk,
aurumlodge.com
Un guide des bonnes adresses
pour les consommateurs militants à Paris
Bio, équitable,
solidaire … le shopping engagé a le vent
en poupe, notamment auprès des populations urbaines
aisées, à Paris et ailleurs. Chaque année
le nombre de consommateurs qui se tournent vers les
produits certifiés AB augmente ainsi de 25%,
et entre 1999 et 2001, les ventes de café Max
Havelaar ont augmenté de 175 % en France : autant
de signes que nous sommes de plus en plus conscience
de l'impact de nos choix de consommation. Mais pour
devenir consommateur militant au quotidien, encore faut-il
avoir les bonnes adresses ! Car si les initiatives fleurissent
aujourd’hui dans la capitale, du restaurant bio
ou d’insertion à la location de vélos
en passant par la librairie alternative et les agences
de voyages solidaires ou naturalistes, il faut souvent
déployer beaucoup d'énergie pour trouver
les lieux destinés à ceux qu’on
appelle désormais des « alter-consommateurs
». Pour sortir le shopping engagé du ghetto
des initiés passionnés, Emmanuelle Vibert
et Hélène Binet ont choisi de faire pour
nous le tour de ces commerces ou associations qui permettent
à chacun de transformer son porte-monnaie en
un manifeste militant. Elles viennent de publier, début
avril, aux éditions Autrement, le guide du shopping
solidaire à Paris qui recense plus de 200 adresses
de boutiques de mode, de déco, restaurants, d'agences
de voyages, de marchés, de salles de spectacles,
etc. Les Parisiens n’ont désormais plus
d'excuses pour ne pas s'engager au quotidien !
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