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Portrait
de
Muriel
Gayet
34 ans
Responsable
scientifique et développement durable chez
Unilever France
web
: www.unilever.fr
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"Je travaille au sein de
la division Entretien Hygiène-Beauté d'Unilever
France. Ma mission principale consiste à aider
les équipes marketing et vente à traduire
les innovations environnementales dans le marketing.
Un exemple récent est celui de la campagne menée
au moment du lancement d'une nouvelle lessive liquide
Skip Petit&Puissant qui a fait l'objet d'une démarche
d'éco-conception (travail sur les emballages,
formule comprenant moins de produits chimiques, système
de dosage simplifié pour réduire les risques
de surdosage…) : mon rôle a été
de travailler avec les équipes pour améliorer
l'information donnée au consommateur (sur les
emballages, sur internet…), afin de faire passer
le message sur la prise en compte de l'environnement.
Nous faisons des efforts de communication
pour guider nos clients dans leurs choix de consommation
et dans la bonne utilisation des produits. Les analyses
de cycle de vie montrent que l'impact environnemental
des produits d'hygiène se situe au moment de
leur utilisation plus que lors de leur fabrication.
Unilever a donc une réelle responsabilité
en la matière. Je suis convaincue que notre action
a un véritable impact et sa force repose sur
le fait que nous travaillons à très grande
échelle. Par exemple, on peut massivement diffuser
des informations sur les éco-gestes via nos emballages
ou nos publicités, comme le fait la marque Sun.
Ce type de poste a été créé
en France il y a deux ans, en plus des équipes
développement durable qui travaillent déjà
à l’échelon mondial et européen,
en collaboration avec les centres d’innovation
des marques. C‘est assez nouveau chez Unilever.
Le fait que les préoccupations sociales et environnementales
arrivent dans le domaine de la consommation et dans
le discours des marques est un phénomène
récent.
En général, la principale activité
des filiales est commerciale – avec l’accompagnement
d’une équipe de scientifiques dont la mission
principale est de s'assurer de la conformité
technique et réglementaire des produits commercialisés.
J'ai pris la casquette "environnement" au
sein de l'équipe scientifique française
dont je dépends. Outre mes actions avec le marketing,
j'ai également un rôle plus général
de sensibilisation des salariés sur la contribution
que chacun peut apporter au développement durable.
Mais pour moi, la dimension fondamentale du développement
durable est celle du changement personnel, de la remise
en cause et de la prise de conscience individuelle.
Je m'intéresse plus à l'accompagnement
de cette transformation individuelle qu'à l'innovation
technologique, car c'est bien au niveau individuel que
tout se joue : si je change, le monde change ! En plus,
cette vision s’adapte bien au domaine de la consommation,
où les choix et les gestes de chacun sont déterminants
. Au sein de l'entreprise, après deux ans à
ce poste, je constate que la dynamique est en route.
Mon quotidien, c’est d’encourager et d’accompagner
une multitude de petites transformations… Il faut
avoir beaucoup d'humilité, de ténacité
et de patience. Les changements radicaux ne sont pas
la solution. Il est préférable de les
accompagner en douceur, sur une courbe bien négociée,
de manière efficace et durable.
Comment en suis-je arrivée là ? Ingénieur
chimiste de formation, j'ai démarré chez
Unilever en travaillant sur la logistique, le marketing
et la vente. Au bout de quelques années, j'ai
ressenti le besoin de donner du sens à mon travail.
En 2003, un bilan de compétences m'a aidé
à mieux cerner l'orientation que je voulais donner
à ma carrière : deux axes m’intéressaient,
l'environnement et la pédagogie. A la fin de
mon congé sabbatique, il n'y avait pas de poste
qui correspondait à mes attentes chez Unilever.
J'ai donc décidé de suivre en parallèle,
une formation pour me professionnaliser (le mastère
« Développement durable et Responsabilité
des Organisations » à Dauphine). Puis l'opportunité
s'est présentée : au moment où
je commençais la formation, l'entreprise réorganisait
son service scientifique et le poste s'est créé.
La formation à Dauphine a été extraordinaire.
En fait, elle n'apporte pas de compétences purement
techniques et opérationnelles mais elle ouvre
aux bons questionnements. C'est une formation multiculturelle
sur tous les aspects du développement durable
dans tous les secteurs (entreprises, ONG, collectivités
locales…). Pour traiter des sujets du développement
durable, les entreprises ont à mon sens plus
besoin de personnes qui ont cette vision très
large et qui vont pouvoir imaginer des changements,
plutôt que de spécialistes. La richesse
de la formation est liée autant à la qualité
des intervenants, accompagnée par l'exigence
et la rigueur de réflexion propre à Dauphine,
qu'aux échanges avec les autres étudiants
qui sont principalement des professionnels avec des
parcours, des horizons et des visions très différentes.
Au final, tout changement prend du temps et la plus
grande difficulté que j'ai à surmonter
est de gérer mon impatience : pendant mon changement
de cap (qui a duré 3 ans en tout), pour identifier
les domaines dans lesquels je voulais travailler et
ensuite concrétiser mes envies, et aujourd'hui
pour voir avancer le développement durable au
sein de mon entreprise."
Mes messages-clefs
"Il ne
faut pas restreindre sa recherche aux postes de responsable
de développement durable et aux ONG. Il faut
une approche plus large qui offre plus de possibilités."
"Pour changer de
voie quand on a déjà travaillé,
il est plus efficace de partir de ses compétences
personnelles plutôt que de chercher en fonction
d'un "ailleurs". Il faut capitaliser sur ce
qui fait notre différence. Au fond, le développement
durable ce n'est pas un métier mais une façon
de faire son métier. Aujourd'hui le vrai besoin
c'est que chaque métier de l'entreprise évolue
dans la prise en compte de ces questions. Après
tout, le responsable développement durable ne
peut pas faire évoluer les marques sans un expert
du marketing …"
" Il faut énormément
se tenir au courant, lire, rencontrer des gens. Le développement
durable demande d'intégrer des problématiques
complexes en prenant en compte une multitude de paramètres,
de faire des arbitrages, de changer de façon
de faire. Il ne faut donc pas avoir une position dogmatique
qui oppose les acteurs mais plutôt savoir proposer
des changements dans les façons de travailler
et d'aborder les choses."
© Graines de Changement,
Septembre 2007 - Tous droits de reproduction et de diffusion
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